Le nouveau système énergétique mondial sera électrifié, local et varié

Le système énergétique mondial est basé sur l’énergie fossile (charbon, pétrole et gaz naturel) depuis deux siècles. Les combustibles fossiles sont les marchandises ultimes («?commodities?» en anglais) : faciles à transporter, faciles à stocker et standardisées. Le système énergétique fossile est ainsi une immense monoculture. Une pompe à essence pompe essentiellement le même produit, qu’elle soit à Québec, Dallas, Paris ou Nairobi. Les grandes pétrolières contribuent d’ailleurs à uniformiser les produits et à propager les meilleures façons de faire mondialement.

Les marchandises fossiles sont fortement exposées aux aléas géopolitiques. Si Poutine décide de fermer le robinet, l’Europe risque de geler. Si des révolutionnaires décident de fermer le golfe d’Aden, les pétroliers doivent emprunter des trajets plus longs et coûteux.

Le système énergétique mondial électrifié est différent. L’électricité ne peut être stockée efficacement pour être transportée : les lignes électriques ont au plus quelques milliers de kilomètres. S’il est possible de stocker l’électricité dans des batteries ou avec de l’hydroélectricité pompée, la période économique de stockage se mesure en heures ou en jours. La production est donc plus locale et rapidement consommée.

Cependant, les sources d’électricité et les besoins d’électrification varient beaucoup d’un endroit à l’autre. Si on peut se climatiser avec du solaire en Australie du Sud, on se chauffe à l’hydroélectricité au Québec. Puis, c’est l’éolien aux Pays-Bas et le nucléaire en France.

La géopolitique sera beaucoup moins importante. Si la Chine ne peut pas nous envoyer de nouveaux panneaux solaires, d’autres le feront et on peut toujours adopter les politiques industrielles pour en faire ici. De plus, les panneaux déjà livrés continueront de produire de l’électricité, alors qu’on serait immobilisé et gèlerait (ou suerait) sans un approvisionnement continu en énergie fossile.

Voici donc une autre caractéristique du système énergétique mondial électrifié : il sera local. Les choix d’électrification des sociétés dépendront des ressources disponibles localement et les solutions varieront en conséquence. Ce qui marche en Californie ne marche pas nécessairement ici.

Cependant, les outils seront les mêmes partout : production renouvelable (centralisée ou distribuée), stockage, transport, distribution, et utilisation efficace. La diffusion des connaissances techniques et des meilleures pratiques d’affaires devra être plus explicite que ce n’était nécessaire avec les grandes pétrolières. Chaque région devra développer une bonne vigie industrielle et technologique pour apprendre des autres, partager ses bons coups, et comparer régulièrement sa performance.

Donc, préparez-vous à votre avenir électrifié : produire et consommer localement tout en vous inspirant d’idées mondiales.

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The New Global Energy System Will Be Electrified, Local and Varied

The world’s energy system has been based on fossil fuels (coal, oil, and natural gas) for two centuries. Fossil fuels are the ultimate commodities: easy to transport, easy to store and standardized. The fossil fuel energy system is thus a huge monoculture. A gas pump pumps the essentially same product, whether it’s in Québec City, Dallas, Paris or Nairobi. The big oil companies are also helping to standardize products and propagate best practices globally.

Fossil fuels are highly exposed to geopolitical uncertainties. If Putin decides to turn off the tap, Europe risks freezing. If revolutionaries decide to close the Gulf of Aden, oil tankers must take longer and more expensive routes.

The electrified global energy system is different. Electricity cannot be efficiently stored for transport: power lines have at most a few thousand kilometres. While it is possible to store electricity in batteries or with pumped hydroelectricity, the economic storage period is measured in hours or days. The production is therefore more local and quickly consumed.

However, the sources of electricity and the needs to electrify vary greatly from one place to another. If you can get solar power to stay cool in South Australia, you heat your home with hydroelectricity in Québec. Then there is wind power in the Netherlands and nuclear power in France.

Geopolitics will be much less important. If China can’t send us new solar panels, others will, and we can always adopt the industrial policies to make them here. In addition, the panels already delivered will continue to generate power, while we would be stuck and freezing (or sweating) without a continuous supply of fossil fuels.

So here’s another feature of the electrified global energy system: it will be local. Regional electrification choices will depend on locally available resources and solutions will vary accordingly. What works in California doesn’t necessarily work here.

However, the tools will be the same everywhere: renewable generation (centralized or distributed), storage, transmission, distribution, and efficient use. The dissemination of technical knowledge and business best practices will have to be more explicit than was necessary with the big oil companies. Each region will have to develop a good industrial and technological watch to learn from others, share its successes, and regularly compare its performance.

So, get ready for your electrified future: producing and consuming locally while being inspired by global ideas.

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Comment la chaîne de valeur de l’électricité au Québec se compare au reste du monde

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Dotée d’une hydroélectricité abondante, la chaîne de valeur de l’électricité du Québec s’est développée à sa façon. À titre de comparaison, la figure ci-dessous illustre les rôles communs des différents acteurs qui fournissent de l’électricité dans le monde.

En Europe, au Royaume-Uni, dans la plupart des États-Unis et en Ontario et en Alberta, des acteurs discrets remplissent chacune des cases du diagramme. Plus particulièrement, les producteurs vendent de l’électricité sur les marchés de l’énergie, achetée par des détaillants indépendants pour la revendre aux clients finaux. Les détaillants ne vendent que de l’énergie et ils ne sont pas propriétaires du réseau reliant les producteurs aux clients. Les détaillants peuvent être des entreprises privées concurrentielles ou des organismes publics sans but lucratif, selon les régions. Le flux d’électricité des producteurs aux clients est contrôlé par un opérateur de système indépendant. Les réseaux de transport et de distribution, qui sont des goulots, sont réglementés sur le prix, souvent avec des incitations à la fiabilité et aux coûts. Mais, dans l’ensemble, c’est la même chose que vous (le client) ayant un accès Internet filaire d’une société de téléphone ou de câblodistribution (c.-à-d. le réseau) pour ensuite acheter des services multimédias vendus par Netflix ou Apple (c.-à-d. les producteurs).

Au Québec, Hydro Québec est le producteur, le transporteur et le distributeur dominants. Elle a son propre opérateur de système interne et utilise des appels d’offres et des contrats gré à gré, et non un marché, pour acheter auprès de certains producteurs d’électricité indépendants. La vente au détail d’électricité est fournie avec la distribution d’électricité et il n’y a pas d’agrégateurs pour la gestion des pointes. Il y a très peu de stockage sur le réseau (autre que les vastes réservoirs) et peu de ressources énergétiques distribuées (RÉD). L’organisme de réglementation provincial n’approuve plus les dépenses du service public et les prix de l’électricité, maintenant rattachés à l’indice des prix à la consommation, jusqu’à concurrence de 3 %.

Le dégroupement de la chaîne de valeur de l’électricité du Québec, en partie ou autant qu’en Europe, ne peut se faire sans évaluer les avantages et les inconvénients de cette approche. Cependant, nous devons certainement regarder comment d’autres ont fait face à la rareté d’électricité alors que nous nous prélassions dans l’abondance. Parce que, après tout, il y aura plus de rareté que d’abondance à l’avenir.

How Québec’s Electricity Value Chain Compares to the World

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Endowed with abundant hydropower, Québec’s electricity value chain developed in its own way. For comparison, the figure below illustrates the common roles of the various players delivering electricity to the world.

In Europe, the UK, most of the US and in Ontario and Alberta, discrete actors fill each of the boxes in the diagram. Most notably, producers sell electricity on energy markets, bought by independent retailers for resale to end customers. Retailers only sell energy and they do not own the grid connecting producers to customers. Retailers can either be competitive private ventures or not-for-profit public agencies, depending on regions. The flow of electricity from producers to customers is controlled by an independent system operator. The transmission and distribution grids, which are bottleneck facilities, are regulated on price, often with reliability and cost incentives. But, overall, this is the same as you (the customer) having a wired Internet access from a phone or cable company (aka the grid) and then buying media services sold by Netflix or Apple (aka producers).

In Québec, Hydro Québec is the dominant producer, transmitter, and distributor. It has its own internal system operator and uses tenders and negotiated contracts, not a market, to buy from some independent power producers. Electricity retail is bundled with electricity distribution and there are no aggregators for peak management. There is very little grid storage (other than the vast reservoirs) and few Distributed Energy Resources (DER). The provincial regulator no longer approves spending by the utility and the electricity prices, now pegged to the consumer price index, up to 3%.

Unbundling Québec’s electricity value chain, partly or as much as it is in Europe, cannot be done without assessing the pros and cons of this approach. However, we certainly need to look how others have coped with electricity scarcity while we basked in abundance. Because, after all, there will be more scarcity than abundance in the future.

The Impact of Industrial Policies on Québec’s Electricity Industry

With the energy transition, Québec is currently at a turning point reminiscent of the period following the Quiet Revolution, in the 1960s and 1970s, when successive Unionist, Liberal and PQ governments initiated the development of the Manic-Outardes project, which doubled Québec’s electricity generation capacity, and then Churchill Falls (Labrador) and James Bay, which doubled it again. Today, there is again talk of doubling by 2050. But increasing Hydro Québec’s generation capacity was not the only highlight of the 1960s and 1970s.

In the 1960s and 1970s, governments also used the construction of major hydro plants to enable French-speaking Quebecers to take control of the province’s economic development. This economic development occurred both in the secondary sector (electrical equipment manufacturing and aluminum smelters) and in the tertiary sector (large consulting engineering firms and, a little later, in information technology).

We can still hear the echoes of this decision because there are about 65,000 jobs related to the electricity industry, only a third of which are at Hydro-Québec.

Québec is now Canada’s electrical manufacturing hub: we have 36.3% of Canadian electrical manufacturing jobs, but only 22.7% of total Canadian manufacturing jobs. In other words, we have proportionally twice as many jobs in electrical equipment manufacturing as Canada outside Québec. This includes the manufacture of electrical power generation and systems, as well as appliances used by residential and commercial customers, such as heaters and advanced control systems.

Obviously, the impact of these industrial policies on the aluminum smelting industry is well known: it has experienced considerable growth, with 30,000 jobs.

And that’s not all: this period also saw the emergence of world-class Québec consulting engineering firms, some of which reached the top-10 in the world, such as SNC-Lavalin (AtkinsRéalis). Our consulting engineering firms are present throughout the value chain, from large dams to residential energy efficiency assessments.

In the 1970s, the industry’s need for control and management systems propelled the information technology sector — CGI, LGS, an IBM Company and DMR come to mind. In a way, it’s safe to say that even the artificial intelligence sector that Québec is now known for was driven by the electrification decisions made by our grandparents.

L’impact des politiques industrielles dans l’industrie de l’électricité au Québec.

Avec la transition énergétique, le Québec se trouve actuellement à un tournant qui rappelle la période qui a suivi la Révolution tranquille, dans les années 60 et 70, alors que les gouvernements successifs, unionistes, libéraux ou péquistes, ont alors enclenché le développement des grands ouvrages de Manic-Outardes, qui ont doublé la capacité de production du Québec, de Churchill Falls (au Labrador) et de la Baie-James, qui l’ont encore doublé. Aujourd’hui, on parle à nouveau de doubler à l’horizon 2050. Mais augmenter la capacité de production d’Hydro Québec ne fut pas le seul point marquant des années 60 et 70.

Dans les années 60 et 70, les gouvernements ont aussi utilisé la construction des grands ouvrages pour permettre aux Québécois francophones de prendre en main le développement économique de la province. Ce développement économique fut à la fois dans le secteur secondaire (fabrication d’équipement électrique et alumineries) et dans le secteur tertiaire (grandes firmes de génie-conseil et, un peu plus tard, en technologies de l’information).

On entend encore les échos de cette décision d’avenir, car il y a environ 65?000 emplois liés à l’industrie de l’électricité, dont un tiers seulement à Hydro-Québec.

Le Québec est aujourd’hui le pôle canadien de fabrication de matériel électrique : nous avons 36,3 % des emplois canadiens de fabrication de matériel électrique, mais seulement 22,7 % des emplois manufacturiers totaux canadiens. Dits autrement, nous avons proportionnellement 2 fois plus d’emplois en fabrication de matériel électrique que le Canada hors Québec. On parle ici de fabrication d’appareils de production et de réseaux électriques, mais aussi d’appareils utilisés chez les clients résidentiels et commerciaux, comme les appareils de chauffage et les systèmes de contrôle de la pointe.
Évidemment, l’impact de ces politiques industrielles sur l’industrie de la transformation de l’aluminium est bien connu : elle a connu un essor considérable, avec 30?000 emplois.

Ce n’est pas tout : cette période a aussi vu l’émergence de firmes québécoises de génie-conseil de calibre international dont certaines sont parvenues au top-10 mondial, comme SNC-Lavalin (AtkinsRéalis). Nos firmes de génie-conseil sont présentes tout au long de la chaîne de valeur, des grands barrages jusqu’aux évaluations d’efficacité énergétique des résidences.

Dans les années 70, les besoins de systèmes de contrôle et de gestion du secteur ont propulsé le secteur des technologies de l’information — on pense à CGI, LGS, an IBM Company et DMR. D’une certaine façon, on peut dire que mêmele secteur de l’intelligence artificielle qui fait maintenant la renommée du Québec a été poussé par les décisions d’électrification prises par nos grands-parents.

Community Choice Aggregation : une alternative pour l’avenir de l’électricité au Québec??

Avec Hydro-Québec, le Québec est doté de ressources naturelles incomparables, dont un potentiel hydroélectrique et un réseau d’électricité uniques. Son système électrique est également hautement intégré, de la production aux clients. 

D’autres régions, confrontées à des choix énergétiques plus difficiles, ont adopté des structures industrielles différentes. Je veux ici explorer une tendance forte aux États-Unis et voir comment nous pourrions nous en inspirer : Community Choice Aggregation. 

Les agrégateurs communautaires (Community Choice Aggregators ou CCA) sont des organismes publics sans but lucratif qui ont une certaine exclusivité de vente au détail de l’électricité dans une région. Les CCA permettent aux administrations locales (villes et comtés) de se procurer de l’énergie au nom de leurs résidents, de leurs entreprises et de leurs municipalités tout en recevant des services de transport et de distribution de leur compagnie d’électricité locale. En agrégeant la demande, les collectivités obtiennent un effet de levier pour négocier de meilleurs tarifs avec des fournisseurs concurrentiels et choisir des sources d’énergie plus vertes. Étant locales, les CCA peuvent également être mieux placées pour offrir des services et des programmes d’efficacité énergétique adaptés à leurs collectivités. 

Il y a plus de 1200 CCA aux États-Unis desservant 10,6 millions de clients dans 8 états. En 2022, environ 100 térawattheures (TWh) d’électricité ont été achetés par les CCA. Les collectivités qui participent aux programmes de CCA négocient leur source de production d’énergie, utilisent le pouvoir d’achat en vrac pour réduire les coûts de l’énergie, stimulent le développement des ressources locales d’énergie renouvelable et des emplois locaux dans l’énergie propre, assurent la stabilité et la transparence des prix de l’énergie, tout en accélérant la transition vers l’énergie renouvelable avec chaque initiative. Les CCA travaillent en partenariat avec le service public existant de la région. Le CCA achète l’électricité, et le service public continue de la livrer, d’entretenir le réseau et de fournir une facturation consolidée.

Est-ce que cela pourrait être adapté au Québec?? Peut-être, pourquoi pas?? Je ne dis pas que c’est la solution, mais c’est peut-être un outil auquel il faut réfléchir.

Je suis cette tendance depuis quelques années maintenant, alors contactez-moi si vous voulez en discuter. 

Community Choice Aggregation: An Alternative for Québec’s Electricity Future?

With Hydro-Québec, Québec is endowed with incomparable natural resources, including unique hydroelectricity potential and electricity system. Its electricity system is also highly integrated, from generation to customers. 

Other regions, facing more difficult energy choices, adopted different industry structures. I want here to explore a strong trend in the US and see how we could be inspired by it: Community Choice Aggregation (CCA). 

Community Choice Aggregators (CCA) are not-for-profit public agencies having some electricity retail exclusivity in an area. CCAs allow local governments (cities and counties) to procure energy on behalf of their residents, businesses, and municipalities while still receiving transmission and distribution service from their local utility provider. By aggregating demand, communities gain leverage to negotiate better rates with competitive suppliers and choose greener power sources. Being local, CCAs may also be better positioned to offer services and energy efficiency programs tailored to their communities. 

There are over 1200 CCAs in the US serving 10.6 million customers across 8 states. In 2022, approximately 100 terawatt-hours (TWh) of electricity was procured by CCA communities. Communities that participate in CCA programs negotiate their source of energy generation, use bulk buying power to decrease energy costs, spur the development of local renewable energy resources and local clean energy jobs, ensure energy price stability and transparency, while accelerating the transition to renewable energy with every initiative. CCAs work in partnership with the region’s existing utility. The CCA buys the power, and the utility continues to deliver it, maintain the grid, and provide consolidated billing.

Could this be adapted to Québec? Perhaps, why not? I’m not saying that this is the solution, but it may be a tool to think about.

I have been following this trend for a few years now, so reach out to me if you want to discuss. 

Clear Definitions for Energizing Discussions

In the debate surrounding the upcoming Hydro-Québec bill, many opinions are circulating. Unfortunately, several concepts are mixed up, which confuses the discussion. Here are some definitions to enlighten readers.

  • Monopoly: The transmission and the distribution of electricity are natural monopolies. This means that there is “naturally” a single supplier that emerges in each location (or corridor for transmission). Imagine if several suppliers wanted to have poles along our streets! It doesn’t happen. However, there are already 11 electricity distributors with a monopoly in Québec: Hydro-Québec, 9 cities and a cooperative. Hydro-Québec is not the only distributor. For transmission, some companies have lines, such as Rio Tinto, and some lines have been built in partnership. Once again, Hydro-Québec is not alone.
  • Monopoly (bis): The production of electricity and the retail sale of electricity are not natural monopolies. In several regions, such as the European Union, several producers compete and sell electricity on an open market. Electricity retailers buy and sell this energy to consumers proposing various plans, much like we see in the telecommunications industry. Electricity is delivered from producers to consumers using the natural monopoly of transmission and distribution companies. This 4-stage structure (production-transmission-distribution-retail) is common, and Québec’s vertically integrated structure is more the exception than the rule.
  • Price regulation: Monopoly means price regulation. Transmission and distribution prices are always regulated to ensure a fair return on prudent investments; sometimes performance incentives (reliability, costs) are imposed, as in Great Britain or Alberta. Where production and retail are competitive, regulation can be light, mainly to ensure that prices and conditions of service are fair, and to ensure that competition works for the benefit of consumers. Also, it should be noted that prices must be regulated even for a state monopoly.
  • Nationalization (or privatization): The nationalization of electricity production and delivery in Québec, a legacy of the Quiet Revolution, is not seriously questioned: no one will want to sell Hydro-Québec, as Hydro One was in Ontario a few years ago. The nationalization of private electricity companies has made it possible to accelerate electrification (helping the trade balance), to develop the industrial sector of Québec’s economy (electrical equipment and aluminum), and to develop the service sector (consulting engineering and computer science). However, nationalization does not mean that the private sector has no role to play or that Hydro-Québec should be the sole producer. 

Beyond words, the important thing is to set the right goals and use the levers at our disposal to achieve them, understanding the advantages and disadvantages of each model. 

Des définitions claires pour une discussion énergisante

Dans le débat entourant le projet de loi à venir sur Hydro-Québec, beaucoup d’opinions circulent. Malheureusement, on y mélange plusieurs concepts, ce qui embrouille la discussion. Voici donc quelques définitions pour éclairer les lecteurs.

  • Monopole : Le transport et la distribution d’électricité sont des monopoles naturels. Ça veut dire qu’il y a «?naturellement?» un seul fournisseur qui émerge dans chaque endroit (ou corridor pour le transport). Imaginez si plusieurs fournisseurs voulaient avoir des poteaux le long de nos rues?! Ça ne se fait pas. Cependant, il y a déjà au Québec 11 distributeurs d’électricité avec un monopole : Hydro-Québec, 9 villes et une coopérative. Hydro-Québec n’est donc pas le seul distributeur. Pour le transport, certaines entreprises ont des lignes, comme Rio Tinto, et certaines lignes ont été construites en partenariat, comme avec les Mohawks vers les États-Unis. Encore ici, Hydro-Québec n’est pas seule.
  • Monopole (bis) : La production d’électricité et la vente au détail de l’électricité ne sont pas des monopoles naturels. Dans plusieurs régions, comme dans l’Union européenne, plusieurs producteurs se concurrencent pour faire de l’électricité vendue sur un marché ouvert. Les détaillants d’électricité achètent et revendent cette énergie aux consommateurs, selon divers plans, un peu comme on le voit dans l’industrie des télécommunications. L’électricité est livrée des producteurs aux consommateurs en utilisant le monopole naturel des entreprises de transport et de distribution. Cette structure à 4 étapes (production-transport-distribution-détail) est commune, et la structure largement intégrée verticalement du Québec est plus l’exception que la règle. Cependant, il y a aussi au Québec plusieurs autres producteurs : en éolien (Boralex, Kruger, Innergex, Énergir, etc.), avec de petites centrales hydroélectriques, certaines entreprises (comme Rio Tinto), et même certaines municipalités (comme Sherbrooke).
  • Réglementation des prix : Qui dit monopole dit réglementation des prix. Les prix de transport et de distribution sont toujours réglementés pour assurer un rendement correct sans être indus, forçant des investissements prudents?; parfois, les incitatifs à la performance (fiabilité, coûts) sont imposés, comme en Grande-Bretagne ou en Alberta. Là où la production et le détail sont concurrentiels, la réglementation peut être légère, essentiellement pour s’assurer que les prix et les conditions de services sont équitables, et pour s’assurer que la concurrence fonctionne pour le bien des consommateurs. Aussi, notons que les prix doivent être réglementés même pour un monopole d’État. Au Québec, la Régie de l’énergie est responsable de la réglementation du transport, de la distribution et de la vente au détail de l’électricité.
  • Nationalisation (ou privatisation) : La nationalisation est le transfert à l’état de la propriété d’entreprises privées. La nationalisation de la production et de la livraison de l’électricité au Québec, héritage de la Révolution tranquille, n’est pas sérieusement remise en question : personne ne voudra vendre Hydro-Québec au privé, à l’exemple d’Hydro One en Ontario il y a quelques années. La nationalisation des entreprises privées d’électricité, d’abord en 1944 puis en 1963, a permis, entre autres, d’accélérer l’électrification (aidant à la balance commerciale), de développer le secteur industriel secondaire (équipement électrique et aluminium), et de développer le secteur tertiaire (génie-conseil et informatique). Cependant, la nationalisation ne veut pas dire que le privé n’a aucun rôle à jouer ni qu’Hydro-Québec est le seul producteur, transporteur, ou distributeur. 

Au-delà des mots, l’important est de fixer les bons objectifs et d’utiliser les leviers à notre disposition pour les atteindre, en comprenant bien les avantages et les inconvénients de chaque modèle. 

Ce que signifie l’électricité à coût marginal zéro

La majeure partie de l’électricité produite dans le monde provient de la combustion du charbon ou du gaz naturel. Le nucléaire, l’hydroélectricité, l’énergie éolienne et l’énergie solaire à faibles émissions constituent le reste de la production. (J’écris ceci du Québec, où l’électricité provient principalement de l’hydroélectricité.) En d’autres termes, pour la plupart des gens dans le monde, utiliser un kilowattheure d’électricité, c’est un peu comme brûler un peu de charbon ou de gaz naturel. Mais cela change rapidement : en 2025, l’Agence internationale de l’énergie montre que la part des sources à faibles émissions se rapproche des combustibles fossiles dans la production mondiale d’électricité.

Utiliser le charbon ou le gaz naturel pour produire de l’électricité signifie que la production de chaque unité d’énergie électrique (kilowattheures ou kWh) coûte de l’argent : il faut acheter le combustible. En revanche, une caractéristique commune de l’électricité à faibles émissions est que le coût marginal de production et de livraison est pratiquement nul.

  • Les sources solaire, éolienne et hydroélectrique au fil de l’eau peuvent produire de l’électricité tant que le soleil, le vent ou l’écoulement de l’eau est disponible. Réduire la production ne réduit pas les coûts sociétaux.
  • Pour l’hydroélectricité à réservoir («?grande hydro?»), c’est un peu plus compliqué. Il n’y a pas de frais d’exploitation pour ouvrir les vannes et générer plus, et pas d’économies à fermer. Cependant, la production épuise le réservoir en amont, de sorte qu’il peut y avoir un coût d’opportunité si cette énergie pouvait être vendue à des moments différents pour un prix plus élevé. Cependant, ces centrales hydroélectriques doivent aussi maintenir un débit minimal et la gestion de plusieurs centrales le long d’un réseau fluvial nécessite des compromis, de sorte qu’elles ne sont pas entièrement pilotables. Néanmoins, les coûts marginaux d’exploitation sont nuls.
  • Les centrales nucléaires sont souvent conçues pour fonctionner à une puissance constante, avec des montées et baisses de puissance mesurées en jours. Certaines centrales nucléaires plus nouvelles peuvent mieux varier leur production, mais le seul coût supplémentaire est celui de l’uranium, qui est très petit. Réduire la production d’une centrale nucléaire ne réduit pas vraiment les coûts.
  • Enfin, les coûts du réseau de transport et de distribution sont également fixes à court terme.

Ainsi, dans un système alimenté par des sources autres que fossiles, les coûts sont constants à court terme, du moins jusqu’à sa capacité de production ou de transport. Lorsque la demande s’approche de la capacité du système, les coûts marginaux augmentent soudainement. Pour équilibrer l’offre et la demande dans un système contraint, l’opérateur du système prendra des mesures coûteuses telles que :

  • Démarrer des générateurs fossiles, tels que les centrales au gaz naturel, qui sont coûteuses à exploiter.
  • Faire appel aux batteries en réseau, achetant cette énergie à certains taux précédemment convenus.
  • Importer de l’électricité supplémentaire d’autres régions.
  • Piloter des charges contrôlables, comme la climatisation et les chauffe-eau des clients résidentiels.
  • Payer les grands clients industriels, comme les alumineries, pour réduire leur charge.

Ainsi, en fin de compte, un kilowattheure supplémentaire est soit «?gratuit?» (n’ajoute pas aux coûts du système), soit très coûteux (près de la capacité du système).

Cette caractéristique de tout-ou-rien soulève quelques questions pour la conception des tarifs et du marché.

Les tarifs réglementés sont conçus pour recouvrer les coûts du système, mais dans un système à faibles émissions, ils n’augmentent que pendant les périodes de pointe critiques, généralement quelques heures par an. Les tarifs de prix de pointe critiques et de remise de pointe critique peuvent donc être un meilleur signal pour les clients que les tarifs fixes selon l’heure de consommation appliqués 365 jours par an. (Les tarifs de pointe critique et les tarifs horaires peuvent être utilisés en même temps, surtout lorsque de grands générateurs non distribuables sont présents sur le système, comme en Ontario.) D’autre part, les tarifs en temps réel, qui varient constamment avec les coûts du marché, pourraient signifier que les clients sont confrontés à des prix extrêmement élevés pendant les pointes, ce qui peut conduire à l’injustice.

Dans de nombreuses régions, l’électricité est achetée et vendue dans un marché ouvert de l’énergie (mesurée en kWh, une unité d’énergie) entre les producteurs et les détaillants. Le coût marginal des générateurs fossiles fixe le prix de clôture du marché, les producteurs non émetteurs soumissionnant à zéro, sachant que tout montant supérieur à zéro est mieux que rien. Que se passe-t-il lorsqu’un système n’a que (ou presque que) des sources non émettrices?? Le prix de clôture reste à zéro la plupart du temps. Oups, ce n’est pas bon pour les affaires. Dans ces cas, un marché de capacité (mesuré en kW, une unité de puissance) peut être formé. Dans un marché de capacité, les producteurs sont payés pour la capacité potentielle qu’ils peuvent fournir pendant les périodes de pointe, que leurs actifs soient appelés ou non. Par conséquent, un plus grand nombre d’administrations compteront sur les marchés de capacité dans un avenir à faibles émissions. Une autre approche consiste à se passer entièrement des marchés et à opter pour un accord d’achat d’électricité entre une agence d’achat (ou un service public) et des producteurs d’électricité. D’autres approches mixtes peuvent également être trouvées dans le monde entier. Nous sommes encore en train d’apprendre à concevoir au mieux les marchés de l’électricité avec un réseau sans émission, et ce sujet est en évolution.

En fin de compte, attendez-vous à payer différemment pour l’électricité et les producteurs seront indemnisés différemment. Parfois, les prix de l’électricité seront moins élevés, mais parfois plus élevés qu’ils ne le sont actuellement. Cette transformation économique est similaire à certains égards à ce qui s’est passé dans les télécommunications. Il y a trente ans, nous payions pour chaque appel interurbain et chaque appel cellulaire, à des taux mesurés en dollars par minute dans le cas des appels internationaux. De nos jours, nous payons des frais fixes pour une énorme bande passante ou de grands blocs de données, et nous ne réfléchissons pas à deux fois avant de faire une vidéoconférence FaceTime avec des proches à l’étranger. Payons-nous moins pour les télécommunications?? Eh bien, pas vraiment dans l’ensemble, et c’est beaucoup plus compliqué, mais nous en obtenons beaucoup plus pour notre argent. La même chose se produira avec l’électricité.

What Zero Marginal Cost Electricity Means

Most of electricity generated in the world comes from burning coal or natural gas, with low emission nuclear, hydro, wind and solar making up the rest of the generation. (I’m writing this from Québec, where electricity comes mostly from hydro.) In other words, for most people in the world, using a kilowatt-hour of electricity is a bit like burning a bit of coal or natural gas. But that’s quickly changing: in 2025, the International Energy Agency shows that the share of low-emission sources is approaching fossil fuels in global electricity generation.

Using coal or natural gas to generate electricity means that producing each unit of electric energy (kilowatt-hours or kWh) costs money: one needs to buy the fossil stuff. In contrast, a common characteristic of low-emission electricity is that the marginal cost of generation and delivery is practically zero.

  • Solar, wind, and run-of-river hydro may produce electricity as long as the sun, the wind or the flow of water is available. Turning off generation doesn’t reduce societal costs.
  • For reservoir hydro (“big hydro”), it is a bit more complicated. There’s no out-of-pocket cost to open the valves and to generate more, and no savings to turn off. However, generating depletes the upstream reservoir, so there may be an opportunity cost if this energy could be sold at different times for a higher price. However, these hydro plants must maintain minimum flow and managing multiple plants along a river system requires trade-offs, so they aren’t fully dispatchable. Still, marginal operating costs are zero.
  • Nuclear plants are often designed to run at a constant power, with ramp-up and ramp-down measured in days. Some newer nuclear plants can better vary their generation, but the only additional cost is that of uranium, which is very small. Reducing output of a nuclear generator doesn’t really reduce costs.
  • Finally, the costs of the transmission and distribution grid are also fixed in the short run.

Thus, in a system powered by non-emitting sources, costs are constant in the short run, at least up to its generation or transmission capacity. When demand gets near the system capacity, marginal costs suddenly increase. To balance supply and demand in a constrained system, the system operator will take costly measures such as:

  • Dispatching fossil generators, such as natural gas plants, which are costly to run.
  • Dispatching grid batteries, buying this power at some previously agreed to rates.
  • Importing additional electricity from other jurisdictions.
  • Dispatching controllable loads, like HVAC and water heaters for residential customers.
  • Paying large industrial customers, like aluminum smelters, to reduce their load.

So, in the end, an additional kilowatt-hour is either “free” (does not add to system costs) or very expensive (near system capacity).

This all-or-nothing characteristic raises a few issues for tariff and market design.

Regulated tariffs are designed to recover the system costs, which only increase during critical peaks, typically a few hours per year. Critical Peak Pricing and Critical Peak Rebate tariffs may therefore be a better signal to customers than fixed Time-Of-Use (TOU) tariffs applied 365 days a year. (Both critical peak and TOU tariffs may be used at the same time, especially when large non-dispatchable generators are present on the system, like in Ontario.) On the other hand, Real Time Pricing tariffs, which vary constantly with market costs, could mean that customers face extremely high prices during peaks, and this can lead to unfairness.

In many jurisdictions, electricity is bought and sold in an open energy market (measured in kWh, a unit of energy) between producers and retailers. The marginal cost of fossil generators set the closing energy market price, with non-emitting producers bidding at zero, knowing that any closing amount above zero is better than nothing. What happens when a system has only (or mostly) non-emitting sources? The closing price remains at zero most of the time. Oops, that’s not good for business. In those cases, a capacity market (measured in kW, a unit of power) may be formed. In a capacity market, producers are paid for the potential capacity they can provide during peaks whether or not their assets are called upon. Hence, more jurisdictions will rely on capacity markets in a low-emission future. Another approach is to get away with markets entirely and go with power purchase agreement between a purchasing agency (or utility) and power producers. Other, mixed approaches may also be found around the world. We are still learning how to best design electricity markets with a non-emitting grid, and this topic is ongoing.

In the end, expect to pay differently for electricity and producers will be compensated differently. At times, electricity prices will be less, but sometime higher, than they are now. This economic transformation is similar in some ways to what happened in telecommunications. Thirty years ago, we paid for each long-distance calls and cell calls, at rates measured in dollars per minute in the case of international calls. Nowadays, we pay a flat fee for the huge bandwidth or large data blocks, and we don’t think twice before doing a FaceTime videoconference with loved ones overseas. Do we pay less for telecom? Well, not really overall, and it’s a lot more complicated, but we get much more out of our money. The same thing will happen with electricity.

La transition énergétique : un manège cahoteux en 2024 et au-delà

Lorsque les analystes vous montrent des prévisions de la transition énergétique, telles que les pourcentages d’énergie renouvelable, les ventes de véhicules électriques ou le pic de production de pétrole, avez-vous remarqué comme les années à venir sont une courbe lisse tandis que les années passées sont un zigzag?? Pensez-vous vraiment que cela se produira??

Une transition industrielle n’est jamais sans heurts. C’est comme rouler sur des montagnes russes branlantes dans l’obscurité avec des chutes qui lèvent le cœur, des virages serrés, des boucles inattendues et des impasses soudaines.

Ce manège cahoteux nous attend en 2024 et au-delà alors que nous continuons la transition vers l’abandon des combustibles fossiles.

Pour comprendre où nous allons, je suis très attentif à l’évolution du marché pétrolier, car il constitue le fondement de notre système énergétique. À l’heure actuelle, la production mondiale de pétrole brut (et d’autres liquides) est d’environ 102 millions de barils par jour (mb/j), après avoir diminué à 91 mb/j pendant la pandémie. Les carburants routiers sont de loin la plus grande utilisation de pétrole raffiné. Les ventes mondiales de véhicules de tourisme et de camions à combustion ont déjà atteint un sommet, mais il y a encore plus de véhicules qui entrent dans le parc que de véhicules mis au rebut. Par conséquent, la demande mondiale de pétrole devrait augmenter encore d’environ 2 mb/j en 2024. Cependant, la Chine a annoncé que 2023 marque le pic de la demande d’essence en Chine, avec une part de nouveaux véhicules branchables en Chine approchant maintenant les 40%. On peut penser que le parc mondial de véhicules à combustion commencera bientôt à diminuer, ce qui explique le scénario «?politiques annoncées?» de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) qui suppose un pic de la demande de pétrole avant 2030. Il devient clair qu’au fil du temps, les véhicules électriques étoufferont progressivement la demande de pétrole. Ensuite, le trajet deviendra vraiment cahoteux.

De nombreux producteurs (pays) pétroliers disent qu’ils continueront à produire tout au long de la transition et au-delà. Ils ne peuvent pas tous être corrects. Historiquement, les pays du cartel de l’OPEP (et de l’OPEP+, créée en réponse à la chute des prix du pétrole entraînée par la production de pétrole de schiste aux États-Unis) ont agi comme des producteurs d’équilibre, réduisant leur production pour maintenir les prix. Mais l’OPEP est maintenant confrontée à une crise. L’Angola est le dernier pays à quitter l’OPEP. Le cartel ne représente plus que 27 millions de barils par jour. De plus, certains producteurs non membres de l’OPEP augmentent leur production, comme le Canada, qui s’attend à produire 5,3 millions de barils par jour d’ici la fin de l’année 2024, contre 4,8 mb/j en 2023. Les États-Unis sont en voie d’atteindre un nouveau record de 13,1 millions de barils par jour en 2024 (ou peut-être jusqu’à 13,35), contre 12,9 millions de barils par jour en 2023.

Comment cela sera-t-il résolu?? Personne ne le sait avec certitude. L’Arabie saoudite est actuellement le producteur pétrolier dont les coûts sont les moindres. Ils peuvent choisir de limiter leur production pour maintenir des prix élevés pendant quelques années de plus, en supposant que les autres pays de l’OPEP et de l’OPEP+ emboîtent le pas. Ou ils peuvent choisir de baisser les prix dans l’espoir que les producteurs américains de pétrole de schiste cesseront de forer de nouveaux puits et réduiront la production. Ou les Saoudiens peuvent décider d’abandonner la Russie, la Russie devenant alors encore plus dépendante de la Chine, avec des implications géopolitiques inconnues. Ou de nouvelles guerres dans les Balkans ou à Taïwan perturberont les chaînes d’approvisionnement mondiales. Ou tout cela, et plus encore, au fil du temps.

En plus des cahots causés par les dangers pétroliers et gaziers, nous pouvons également nous attendre à d’autres cahots dans la chaîne d’approvisionnement de l’énergie propre. Les technologies propres évoluent rapidement, et certains des chouchous d’aujourd’hui échoueront, pour être remplacés par quelque chose de mieux que personne ne sait encore. Certaines nouvelles technologies devront passer par un long processus de maturation avant de réussir, comme nous l’avons vu avec les problèmes initiaux des grandes éoliennes maritimes. Certaines technologies propres prometteuses ne parviendront pas à passer du MW au GW, ce qui les limitera à des applications de niche. De nouveaux produits seront tout simplement mauvais, comme certains des premiers modèles de VE des constructeurs automobiles traditionnels. L’activisme «?pas dans ma cour?» peut retarder la mise en œuvre des projets d’énergie propre ou même conduire à leur annulation. Les chaînes d’approvisionnement des technologies propres sont déjà serrées, les délais d’approvisionnement des transformateurs électriques s’étendant, par exemple, sur des années. Le risque d’une perturbation de l’approvisionnement en minéraux, comme celui du cuivre, est bien réel. Les facteurs géopolitiques augmentent encore l’incertitude, avec une grande partie de la fabrication de batteries, de panneaux solaires et d’éoliennes maintenant concentrée en Chine, ainsi que le traitement des minéraux, y compris pour les terres rares.

J’espère que vous que vous avez encore le cœur bien accroché malgré ces bosses de montagnes russes, parce que la transition en apportera plus encore. Une transition réussie de l’abandon des combustibles fossiles signifiera des gagnants, mais il y aura aussi des perdants : les travailleurs du pétrole dans les pays développés pourraient perdre leur emploi, tandis que les pays en développement dépendants du pétrole pourraient faire face à des déficits budgétaires et à d’éventuels troubles civils, avec des conséquences humanitaires et géopolitiques inconnues. Certains pays en développement pourraient ne pas être en mesure d’obtenir de l’électricité fiable à partir de sources renouvelables en raison de problèmes de chaîne d’approvisionnement. Cependant, il y a une lueur d’espoir ici : la nature distribuée et locale de ces technologies offre l’espoir de réduire la pauvreté énergétique vécue par 1 milliard de personnes qui n’ont pas les moyens d’utiliser des combustibles fossiles.

Donc, nous ne savons pas quelles seront les prochaines bosses, mais à quoi pouvons-nous nous préparer??

Dans l’ensemble, la transition énergétique devrait nuire aux résultats des sociétés pétrolières et gazières, que ce soit en raison de la réduction des volumes ou de la baisse des prix. Ces sociétés paient également une prime de risque plus élevée en raison de la volatilité et de l’incertitude. Les activités pétrolières et gazières en amont, y compris l’exploration et l’extraction, sont devenues de plus en plus risquées et moins rentables. En revanche, les activités du secteur intermédiaire comme le transport, l’entreposage et la vente en gros devraient être moins touchées à court terme. De plus, certains pensent qu’il n’y aura pas de pic dans la production mondiale de pétrole avant 2030 : l’OPEP s’attend à ce que la demande de pétrole continue de croître jusqu’en 2050. Il n’y a pas de consensus ou de certitude concernant cette transition. Néanmoins, si vous travaillez dans le secteur pétrolier et gazier en amont, cherchez des occasions d’appliquer vos compétences en matière d’énergie propre — l’énergie géothermique et l’énergie éolienne maritime viennent à l’esprit. Si vous travaillez en aval, les opportunités peuvent inclure la production d’hydrogène vert (pour remplacer le gris) et les réseaux de recharge de VE (mais attendez-vous à ce que ce soit différent des stations-service).

Bien que les faibles prix du pétrole puissent retarder la transition vers l’énergie propre, ils réduiraient les investissements dans le pétrole et le gaz et libéreraient donc des capitaux pour les investissements dans les technologies propres. De plus, les perturbations de l’approvisionnement en pétrole et en gaz peuvent entraîner des hausses de prix. Ces événements ont également tendance à accroître les investissements dans les technologies propres, comme nous l’avons vu en Europe à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Pour les entreprises et les pays pétroliers et gaziers, c’est un cas de damné si vous le faites, damné si vous ne le faites pas, indépendamment de leurs actions. Les investissements mondiaux dans l’électrification propre, les carburants à faibles émissions et l’efficacité énergétique sont déjà plus élevés que ceux dans le charbon, le pétrole et le gaz naturel, avec des rendements plus constants pour les projets d’énergie propre. Peu de gens doutent que les investissements dans l’énergie propre continueront généralement d’accélérer (avec des bosses en cours de route, c’est certain). 

Alors que nous nous éloignons des combustibles fossiles, quatre grandes catégories de charges électriques stimulent la croissance du système électrique. Il s’agit du chauffage électrique (à usage résidentiel, commercial et institutionnel), de l’électrification des transports (y compris les véhicules électriques, mais aussi le rail et d’autres moyens de transport), de l’électrification des procédés industriels (y compris le chauffage et le séchage, mais aussi l’électrochimie et éventuellement de nouvelles applications telles que la réduction directe du fer) et de la production d’hydrogène (remplaçant l’hydrogène gris en tant que matière première chimique pour l’ammoniac et le méthanol, pas en tant que vecteur d’énergie). Des billions de dollars seront investis dans les systèmes et les appareils électriques des clients. 

Le réseau électrique doit croître de manière significative afin de répondre aux besoins de ces nouvelles charges électriques. Dépendant du niveau actuel d’électrification, les réseaux dans des régions comme le Québec devront croître de 1,5 ou 2 fois d’ici 2050, tandis que ceux du Nord-Est américain devront croître peut-être 4 fois, et même plus encore dans les pays en développement. Cela signifie des billions d’investissements supplémentaires dans la production, le transport et la distribution d’énergie propre dans les années à venir. Cependant, un taux de croissance aussi élevé avec principalement des sources éoliennes et solaires intermittentes exige que les services publics d’électricité conservateurs adoptent de nouvelles façons de penser et de travailler. Les services publics font face à de nombreux défis : attirer la participation aux programmes de gestion de la demande, de réponse à la demande et d’efficacité énergétique?; intégrer de nouvelles technologies de réseau, comme le stockage?; réduire les retards d’interconnexion pour les projets d’énergie renouvelable ; améliorer la fiabilité du service ; construire de nouvelles infrastructures de production et de transport?; gérer le resserrement du marché du travail?; assurer l’abordabilité, l’équité entre les clients et des investissements prudents?; gérer l’évolution des exigences réglementaires et du marché de l’électricité?; et plus encore. Les gouvernements et les organismes de réglementation devront élaborer des politiques et des concepts de marché bien pensés pour soutenir les services publics pendant la transition énergétique. Malheureusement, les politiques stupides sont encore beaucoup trop courantes, comme c’est le cas actuellement au Texas et en Alberta.

La vérité risque aussi de devenir une autre victime de la transition. Les rebondissements des montagnes russes de la transition offriront des opportunités à tout le monde — négationnistes et alarmistes, foreurs et écolos — de croire qu’ils sont sur la bonne voie, juste pour dérailler plus tard. Malheureusement, la transition énergétique est un sujet complexe et le «?gros bon sens?» est souvent erroné. Beaucoup de gens espèrent aussi gagner de l’argent rapidement en sautant dans le train de l’industrie de l’énergie. Ils apportent des idées et des inclinations importées d’autres domaines, mais qui peuvent ne pas être pertinentes ici. Il n’y a pas de solution magique à la transition énergétique.

En guise de dernier mot, ne vous laissez pas influencer par les dernières bosses sur les montagnes russes de la transition énergétique. Gardez l’esprit ouvert et restez calme, en vous appuyant sur des sources impartiales et bien informées. Transformer les systèmes énergétiques du monde en systèmes énergétiques durables prend du temps et des efforts, mais c’est ce qui se passe. Le monde à venir sera différent, mais meilleur à bien des égards.

Bonne chance à vous et aux vôtres pour l’année à venir?!

The Energy Transition: Bumpy Ride in 2024 and Beyond

When analysts show you charts of the energy transition over time, such as percentages of renewable energy, EV sales, or peak oil production, have you notice how future years are a smooth curve while past years are a zigzag? Do you really think this will happen?

An industry transition is never smooth. It’s like riding a rickety roller coaster in the dark, with heart-stopping drops, sharp turns, unexpected loops, and sudden dead ends.

That bumpy ride awaits us in 2024 and beyond as we transition away from fossil fuels.

To understand where we’re going, I pay close attention to developments in the oil market, since it is the bedrock of the current energy system. Currently, worldwide crude oil (and other liquids) production is around 102 million barrels per day (mbpd), having decreased to 91 mbpd during the pandemic. Road fuels are by far the largest use of refined oil. Worldwide sales of combustion passenger vehicles and trucks have already peaked, but more vehicles are still entering the fleet than being scrapped. Therefore, global oil demand is expected to rise again by about 2 mbpd in 2024. However, China announced that 2023 marks peak gasoline demand in China, with plugin share of newly registered vehicles is now approaching 40%. We can expect that the world’s fleet of combustion vehicles will soon start shrinking, explaining the International Energy Agency’s (IEA) stated policy scenario of a peak in oil demand before 2030. Clearly, EVs will gradually choke off demand for oil over time. Then the ride will get really bumpy.

Many oil producers (countries) say that they will continue to produce throughout the transition and beyond. They can’t all be right. Historically, countries in the OPEC cartel (and OPEC+, created in response to falling oil prices driven by US shale oil output) have acted as balancing producers, reducing their output to maintain prices. But OPEC is now facing a crisis. Angola is the latest country to leave OPEC. The cartel now accounts for just 27 million barrels per day. Additionally, some non-OPEC producers are increasing their output, such as Canada, which expects to produce 5.3 million barrels per day by year-end 2024, from 4.8 mbpd in 2023. The United States is on track to reach a new record high of 13.1 million barrels per day in 2024 (or perhaps as much as 13.35), up from 12.9 million barrels per day in 2023.

How will this get resolved? Nobody knows for sure. Saudi Arabia is currently the lowest cost oil producer. They may choose to limit their output to maintain high prices for a few more years, assuming that the other OPEC and OPEC+ countries follow suit. Or they may choose to lower prices in the hope that US shale oil producers will stop drilling new wells and reduce output. Or the Saudis may decide to abandon Russia, with Russia then becoming even more dependent on China, with unknown geopolitical implications. Or new wars in the Balkans or Taiwan will disrupt global supply chains. Or all this, and more, may happen over time.

In addition to bumps caused by oil and gas hazards, we can also expect further bumps in the clean energy supply chain itself. Clean technology is evolving rapidly, and some of today’s darlings will fail, to be replaced by something better that nobody knows yet. Some new technologies will have to go through a long maturation process before they succeed, as we have seen with the initial problems in large offshore wind turbines. Some promising clean technologies will fail to scale from MW to GW, limiting them to niche applications. Some new products will just be bad, such as some early EV models from traditional automakers. Not-in-my-backyard (NIMBY) activism can delay the implementation of clean energy projects or even lead to their cancellation. The clean tech supply chains are already tight, with, for example, lead times on electrical transformers stretching into years. The risk of a mineral supply disruption, such as that of copper, is very real. Geopolitical factors further increase uncertainty, with much battery, solar panel and wind turbine manufacturing now concentrated in China, as well as mineral processing, including for rare earths.

I hope that you are not already getting sick from all these roller coaster bumps, because the transition will bring more of them. A successful transition away from fossil fuels will mean winners, but there will also be losers: oil workers in developed countries could lose their jobs, while developing countries dependent on oil could face budget shortfalls and possible civil unrest, with unknown humanitarian and geopolitical consequences. Some developing countries may not be able to obtain reliable electricity from renewable sources due to supply chain issues. However, there is a glimmer of hope here: the distributed and local nature of these technologies offers hope of alleviating the energy poverty experienced by 1 billion people who cannot afford the use of fossil fuels.

So, we do not know what the next bumps will be, but what can we prepare for?

Overall, the energy transition is expected to hurt the bottom line of oil and gas companies, whether due to reduced volumes or lower prices. These companies also pay a higher risk premium due to volatility and uncertainty. The upstream oil and gas business, including exploration and extraction, has become increasingly risky and less profitable. In contrast, midstream activities such as transportation, storage and wholesale should be less affected in the short term. Also, some believe that there will be no peak in global oil production before 2030: OPEC expects demand for oil to continue growing through 2050. There is no consensus or certainty regarding this transition. Still, if you work in upstream oil and gas, look for opportunities to apply your skills in clean energy — geothermal and offshore wind comes to mind. If you work downstream, opportunities may include green hydrogen production (to replace grey) and EV charging networks (but expect this to be different than gas stations).

While low oil prices may delay the clean energy transition, they would reduce investment in oil and gas and therefore free up capital for investments in clean technologies. Furthermore, disruptions in oil and gas supplies can lead to price rises. These events also tend to increase investment in clean technologies, as we have seen in Europe following Russia’s invasion of Ukraine. For fossil fuel companies and countries, it is a case of damned if you do, damned if you don’t, regardless of their actions. Global investments in clean electrification, low-emission fuels and energy efficiency are already higher than those in coal, oil and natural gas, with more consistent returns for clean energy projects. Few would doubt that clean energy investments will generally continue to accelerate (with bumps along the way, for sure). 

As we transition away from fossil fuels, four major categories of electrical loads are driving the growth of the power system. These are electric heating (for residential, commercial and institutional use), transportation electrification (including EVs, but also rail and other means of transport), electrification of industrial processes (including heating and drying, but also electrochemistry and possibly new applications such as direct iron reduction) and hydrogen production (replacing grey hydrogen as a chemical feedstock for ammonia and methanol, not as an energy carrier). Trillions of dollars will be invested in customer electrical systems and devices. 

The electricity grid must grow significantly to meet the needs of these new electrical loads. Depending on the current level of electrification, grids in regions such as Québec will have to grow by 1.5 or 2 times by 2050, while those in the US Northeast will have to grow perhaps 4 times, and even more in developing countries. This means trillions of additional investments in clean energy generation, transmission and distribution in the coming years. However, such a high rate of growth with mainly intermittent wind and solar sources requires that conservative electric utilities adopt new ways of thinking and working. Utilities face many challenges: attracting participation in demand management, demand response and energy efficiency programs; integrating new grid technologies, like storage; reducing interconnection delays for renewable projects; improving service reliability; building a new generation and transmission infrastructures; managing tight labour market; ensuring affordability, fairness among customers and prudent investments; managing evolving regulatory and power market requirements; and more. Governments and regulators will need to develop well-thought-out policies and market designs to support utilities during the energy transition. Unfortunately, dumb policies are still far too common, as is currently happening in Texas and Alberta.

Truth also risks becoming another victim of the transition. The twists and turns of the transition roller coaster will provide opportunities for everyone—deniers and alarmists, roughnecks and tree huggers—to believe that they are on the right track, only to derail later. Unfortunately, energy transition is a complex subject and “common sense” is often wrong. Many people also hope to make a quick buck by jumping on the energy industry bandwagon. They bring ideas and inclinations imported from other fields, but which may not be relevant here. There is no magic solution to the energy transition.

As a final word, don’t let yourself be swayed by the latest bumps on the energy transition roller coaster. Keep an open mind and stay calm, relying on unbiased and well-informed sources. Transforming the world’s energy systems into sustainable ones takes time and efforts, but it is happening. The world to come will be different, but better in many ways.

All the best to you and yours for the coming year!

The Maslow Pyramid of EV Charging

Remember the Maslow pyramid? It is often used to illustrate human needs, with the largest, most fundamental needs at the bottom, and the self-fulfillment needs at the top. This idea also applies to light-duty EV charging infrastructure.

The EV charging pyramid represents what I expect the market shares of the basic charging use cases to be once the EV charging infrastructure is more widely deployed, in a decade or so. The market share is expressed as the overall percentage of the delivered energy for each case. Obviously, these market shares are only indicative and will vary between regions, depending on various factors such as the rate of home ownership and urbanization. Also, individual EV drivers will have different charging patterns, with some drivers using some use cases much more than others.

These four segments are the fundamental use cases for light-duty EV charging. Each has its own characteristics (see table below). Overall, home charging is the largest segment because it is the most convenient and the least expensive mean to charge an EV. On-the-go fast charging (like going to a gas station) is the least convenient and the most expensive. Charging at various destinations is in between these extremes. 

All EV drivers may use all of these options, and each one is good in its own way. However, some drivers will use some of them more than others. For example, a salesperson often driving to see clients in distant cities may use a lot of on-the-go charging, whereas a retired couple may only use home charging, except for occasional trips to see family in other cities. A city dweller parking on the street may primarily use destination charging at work or while shopping, but use home charging at their cottage. The pyramid only illustrates the overall market share; it does not represent individual patterns.

The key then is to match the speed of charging to the expected duration of stay. For on-the-go charging, a driver is stopping to charge the vehicle. Charging needs to be as fast as possible. For destination and home charging, charging occurs while the EV is parked and the driver doing something, like shopping, visiting or sleeping — it’s charging while parked. Charging time needs to match park duration. Some destinations have longer park duration than others, as one may spend a day at a national park (good for Level 2 charging) but less than an hour at a shopping mall (good for a moderate fast charger). The basic rule is that the charging speed needs to match the expected dwell time at a site. Too fast or too slow charging both result in suboptimal customer experience.

Stopping to Charge vs. Charging While Parked

The other characteristics stem from this observation. 

Convenience. On-the-go charging at a service station is the least convenient: drivers only go there for the chore of charging and, perhaps also for a restroom break and to get coffee. Other cases are more convenient, as charging occurs naturally while the drivers do what they need to do — no time wasted waiting. 

Criticality. On-the-go charging is the most critical situation, since drivers usually stop with a nearly depleted battery. If there is a line-up or if a charger is broken, they are stuck unless there are other fast chargers in the vicinity. In contrast, destination charging does not require waiting for a fully depleted battery. Drivers will instead charge their vehicles whenever they have the opportunity. And there are far more Level 2 chargers than fast chargers — there’s always another one nearby.

Costs. On-the-go charging is also the most expensive to use, as these fast chargers have the most expensive hardware and the highest power costs. Destination chargers are less expensive than on-the-go chargers, cost less in electricity and may be subsidized to attract shoppers. Home charging is the least expensive, sometime as little as a dollar for a full charge, especially when charging at off-peak electricity rates. Level 1 (120 volts) chargers may be used at home, avoiding the purchase of a more expensive Level 2 charger. 

Public site owners and charging operators need to understand the pyramid to optimize customer experience and the economics of charging sites. Too many sites have been built with a poor match between charging speed and stay duration: 

  • Moderate (50 kW) fast chargers along highways (too slow) backed up by a Level 2 charger (way too slow).
  • Moderate fast chargers at a hotel (too fast, as drivers need to come back to move the vehicle after charging). 
  • Very fast chargers at a shopping mall (too fast, as the drivers needs to wait for charging to complete before shopping).
  • Level 2 charger at a fast food restaurant (too slow, as a few minutes of charging doesn’t provide a meaningful charge).

Hopefully, as more charging site owners and operators become EV drivers themselves, we will see emerging a public charging infrastructure that is convenient and resilient, supporting the transition away from fossil-fuel vehicle.

Analyse historique du plan d’action « Vers un Québec décarboné et prospère » d’Hydro-Québec

J’ai lu avec attention ce plan d’action et, surtout, écouté la commission parlementaire du 30 novembre dernier lors de laquelle des membres de la haute direction d’Hydro-Québec ont témoigné. Je présente ici mon analyse personnelle de tout ceci, dans une perspective historique partant des années 60.

Michael Sabia présente ce plan comme un «?projet de société?» et il a répété cette expression plusieurs fois, au point d’en faire le thème central de la commission parlementaire. La vision est ainsi beaucoup plus sociale et économique que le commercialisme de l’ancien président Éric Martel et que la perspective surtout organisationnelle de l’ancienne présidente Sophie Brochu. 

Le plan d’action semble cohérent avec un projet de société. Les autres dirigeants de l’entreprise ont ainsi fait de nombreuses références à l’ouverture de l’entreprise pour travailler avec les peuples autochtones, les communautés, les clients, l’écosystème de l’électricité, les promoteurs, etc. On a même mentionné l’ouverture sur le monde en voulant s’inspirer de ce qui se fait de mieux ailleurs. Le plan d’action est d’ailleurs présenté comme étant une première ébauche, sujette justement à des ajustements à la suite de discussions à venir. Je reçois ceci comme un vent de fraîcheur, Hydro-Québec s’étant repliée sur elle-même au cours des dernières années. Le cadre de ces discussions n’est cependant pas précisé.

Le plan d’action «?Vers un Québec décarboné et prospère?» rappelle la période qui a suivi la Révolution tranquille, dans les années 60 et 70. Les gouvernements successifs, unionistes, libéraux ou péquistes, ont alors enclenché le développement des grands ouvrages de Manic-Outardes, qui ont doublé la capacité de production du Québec, de Churchill Falls (au Labrador) et de la Baie-James, qui l’ont encore doublé. Aujourd’hui, on parle à nouveau de doubler à l’horizon 2050. Mais augmenter la capacité de production ne fut pas le seul objectif des gouvernements. 

Dans les années 60 et 70, les gouvernements ont aussi utilisé la construction des grands ouvrages pour permettre aux Québécois francophones de prendre en main le développement économique de la province. Ce développement économique fut à la fois dans le secteur secondaire (fabrication d’équipement électrique et alumineries) et dans le secteur tertiaire (grandes firmes de génie-conseil et, un peu plus tard, en technologies de l’information). On entend encore les échos de cette décision d’avenir, car le Québec est aujourd’hui le pôle canadien de fabrication de matériel électrique : nous avons proportionnellement 2 fois plus d’emplois en fabrication de matériel électrique que le reste du Canada, tout au long de la chaîne de valeur, et des PME aux multinationales. Cette période voit aussi l’émergence de firmes québécoises de génie-conseil de calibre international, dont certaines sont parvenues au top-10 mondial, comme SNC-Lavalin. 

On peut s’inspirer de ce parallèle historique, tout en constatant que la situation actuelle présente ses caractéristiques propres. 

On parle encore d’hydroélectricité appuyée par le savoir-faire d’Hydro-Québec, bien évidemment, mais beaucoup d’éolien et de solaire, filières moins coûteuses, plus décentralisées, plus rapides à implanter, et utilisables directement par les clients. Au fil des grands projets hydroélectriques, dès les années 50, Hydro-Québec est devenue experte dans la gestion de ces projets, largement livrés à temps et dans les budgets. C’est exceptionnel dans le domaine — on n’a qu’à penser aux dépassements des projets Site C en Colombie-Britannique et Muskrat Falls au Labrador. Or, Hydro-Québec n’a pas le même savoir-faire pour l’éolien et le solaire que pour l’hydroélectricité, alors que plusieurs développeurs ont déjà acquis une expérience considérable en éolien et en solaire en Europe, aux États-Unis ou en Asie. Certains de ces développeurs sont même basés ici, comme Boralex et Brookfield. Dans le plan d’action, Hydro-Québec semble ouverte à continuer à travailler avec des développeurs, et je crois que c’est bien ainsi, pour éviter à notre tour des erreurs coûteuses. 

On parle aussi de plus de lignes et de postes de transport vers nos voisins, et pas seulement pour l’exportation, mais aussi pour utiliser nos ouvrages afin d’équilibrer la production renouvelable intermittente ici et ailleurs — une très grande valeur économique. Pour ce qui est des lignes de distribution dans les villes et les campagnes, elles ont été mises à niveau lors des vagues d’électrification des années 60 à 80, mais plusieurs équipements arrivent en fin de vie. C’est en partie ce qui explique la dégradation de la fiabilité du service depuis une dizaine d’années. Or, la fiabilité sera d’autant plus nécessaire que la société sera plus dépendante de l’électricité. Le plan fait mention de réduire les pannes de 35 % d’ici 7 à 10 ans, ce qui semble peu ambitieux puisque les pannes ont doublé depuis 10 ans. Tout de même, plusieurs technologies et façons de faire sont considérées pour redresser la situation, avec des infrastructures physiques plus résistantes ou résilientes (conducteurs recouverts, entrecroises flexibles, poteaux en composite), des systèmes de protection (plus de réenclencheurs, réenclenchement monophasé, réseau plus maillé, automatismes, etc.), ou encore avec une meilleure maîtrise de la végétation.  

Depuis les années 70, Hydro-Québec a périodiquement mis l’accent sur l’efficacité énergétique, surtout dans les années immédiatement avant la mise en marche d’une nouvelle centrale, abandonnant cependant ces programmes dans les années suivantes, lors de surplus. Ces programmes furent surtout administrés par des firmes privées mieux capables de rejoindre efficacement les nombreux clients, comme la firme de génie-conseil Dessau pour le programme Énergain au début des années 80. Aujourd’hui, la participation active des clients, passifs consommateurs en 1960, est nécessaire pour atténuer les pointes de demandes et consommer efficacement l’électricité. On parlera donc aussi de programmes de gestion de la demande, en plus d’efficacité énergétique. Les programmes comme la «?GDP affaires?» (gestion de pointe pour les clients commerciaux, institutionnels ou industriels) avec des agrégateurs privés et l’entente récente avec Sinopé pour automatiser la tarification dynamique sont probablement appelés à se multiplier. Certains clients seront aussi autoproducteurs, avec des systèmes solaires (et éoliens pour certains industriels) installés par des tiers. La collaboration avec les clients et l’écosystème de l’électricité sera nécessaire, même si elle prendra différentes formes qu’il y a 40 ou 50 ans.

En industrialisation, on ne parle plus d’alumineries mais de secteurs nécessaires à la transition, comme la fabrication de batteries. En 1970, on promettait des emplois pour se faire élire, mais nos entrepreneurs et industriels sont maintenant en pénurie de main-d’œuvre et doivent automatiser leurs usines. 

Dans les discussions à venir sur ce projet de société, il y aurait lieu, je crois, d’avoir aussi des discussions sur des points qui pourraient faire polémiques. Mieux vaut aborder ces points maintenant si on veut arriver à un consensus durable envers ce projet de société. 

Par exemple, l’écosystème de l’électricité ne réalise pas son plein potentiel d’innovation. Il n’en a pas toujours été ainsi, car la Révolution tranquille a vu l’innovation québécoise se démarquer. Ainsi, les lignes de transport d’électricité à 735?000 volts, inventées ici et inaugurées en 1965, sont demeurées les lignes à la plus haute tension dans le monde jusqu’en 1982, seulement alors surclassées par une installation d’Union soviétique. Depuis, Hydro-Québec a fait plusieurs tentatives de commercialisation d’innovations du centre de recherche d’Hydro-Québec, avec des filiales comme Nouveler, Capitech et Industech. Les résultats n’ont pas été à la hauteur des attentes. Ailleurs au Québec, même si l’innovation est au cœur des préoccupations des entrepreneurs et des industriels engagés dans la transition énergétique, on se doit de constater que l’écosystème ne réalise plus son plein potentiel, avec des barrières importantes, en particulier à ce qui a trait à la commercialisation. L’ouverture énoncée dans le plan pourrait donc devenir un accélérateur d’innovation par les entrepreneurs et industriels d’ici. Pour appuyer l’écosystème, on devrait peut-être repenser le rôle du centre de recherche d’Hydro-Québec pour en faire un moteur d’innovation, en s’inspirant de modèles existants ailleurs. Par exemple, en Colombie-Britannique, Powertech Labs est une filiale de BC Hydro très active dans la certification de produits électriques et plusieurs de nos entrepreneurs y font tester leurs nouveaux designs. En Ontario, Kinectrics, issue de la privatisation d’Hydro Ontario Research Division il y a une vingtaine d’années, est maintenant présente dans 7 pays et œuvre aussi dans le domaine des tests d’appareillages électriques. Un troisième modèle pourrait être le Lawrence Berkeley National Laboratory aux États-Unis, avec une mission de recherche appliquée peut-être plus conforme au nom officiel du centre de recherche, l’Institut de recherche en électricité du Québec (IREQ). Ces exemples et d’autres devront être discutés avec toutes les parties prenantes, y compris les entrepreneurs et industriels du secteur ainsi que le personnel de l’IREQ.

Tant qu’à avoir des discussions difficiles, il faudra aussi étudier les réformes de l’industrie qui ont eu lieu en Europe au cours des dernières décennies. Ce fut en particulier le cas en Norvège et en Suède, qui, comme le Québec, sont des régions largement alimentées à l’hydroélectricité dans un climat nordique. En général, les points forts de ses réformes ont été le dégroupage du secteur et l’introduction d’un marché de l’électricité. On a donc divisé les opérations du système électrique en transport et distribution d’électricité, qui sont des monopoles naturels, et la production et la vente d’électricité, qui ont été soumises à la concurrence. En outre, un marché de gros de l’électricité avec des prix fluctuants a été introduit en plus d’un marché de détail où les consommateurs pouvaient choisir leur fournisseur d’électricité. 

D’emblée, je dois dire que je ne vois aucun appétit de privatisation d’Hydro-Québec (à l’image d’Hydro One en Ontario) ni pour revoir le mandat d’exploitation des forces hydrauliques comme stipulé dans la Loi sur Hydro-Québec. De plus, les lignes de transport et de distribution utilisées pour fournir le service au public sont un monopole naturel local qui n’est pas remis en question, mais Hydro-Québec n’est pas le seul exploitant au Québec, puisqu’il y a 10 autres distributeurs d’électricité (9 municipalités et une coop) et quelques lignes de transport privées entre des installations industrielles. Cependant, on pourrait comparer les avantages et les inconvénients de réformer le secteur à l’image des Européens. Ceci amènerait aussi la discussion vers le besoin d’avoir un exploitant indépendant («?Independent System Operator?») comme ailleurs en Amérique du Nord. Ce seraient certainement des discussions animées, opposant des vues très différentes, mais nécessaires pour avoir les conditions gagnantes pour effectuer une transition énergétique porteuse de prospérité. Un défi constant lors de ces discussions sera d’aller au-delà des phrases clichés et de partager une compréhension commune des enjeux et des possibilités — l’industrie de l’électricité est complexe et le «?gros bon sens?» nous amène rarement aux bonnes conclusions.

En conclusion, je crois qu’il y a assez peu à critiquer sur ce plan d’action initial proposé par Hydro-Québec, aligné avec les volontés gouvernementales et somme toute bien réfléchi. Les quelques critiques que j’ai entendues sont surtout en amont ou en aval. En amont, Hydro-Québec est un instrument du gouvernement du Québec, et on ne peut lui reprocher d’agir en conséquence. Par exemple, certains critiquent l’allocation de 25 % de l’électricité supplémentaire pour la croissance économique, préférant mettre l’accent sur la réduction de la consommation. Cependant, c’est une décision gouvernementale à laquelle Hydro-Québec ne fait que répondre, et on ne peut lui reprocher ceci. En aval, d’autres soulignent les risques à exécuter ce plan, comme pour ce qui est de la pénurie de main-d’œuvre, de l’incertitude sur les besoins futurs ou des imprévus associés au développement des centrales de production. Tout vrai, mais j’ai déjà fait plusieurs plans stratégiques dans des contextes de transition, et les meilleurs sont à la fois ambitieux et itératifs?; les détails deviendront plus clairs au fur et à mesure. 

En fait, c’est là la clé : il faut discuter de ce projet de société entre nous, s’inspirant de ce qui se fait ailleurs, dans des forums qui laissent place à toutes les perspectives.

BP’s Energy Outlook Describes a Low-Carbon Future

As always, this year’s BP Energy Outlook is a well-written perspective on how our energy system might evolve. Written by an oil major, it can’t be accused of being overly pushing an environmental agenda: it can be seen as best-case scenarios (from a fossil point of view) or worst-case ones (from an environmental point of view). Yet, the future of global energy that it shows is dominated by four trends: declining role for hydrocarbons, rapid expansion in renewables, increasing electrification, and growing use of low-carbon hydrogen.

First, the Outlook sees oil demand declining, driven by falling use in road transport as the efficiency of the vehicle fleet improves and the electrification of road vehicles accelerates. In all scenarios, peak oil demand happens before 2030. The prospects for natural gas depend on the speed of the energy transition. I found the Outlook geopolitical forecast particularly interesting. The Outlook states that OPEC lowers its output over next decade in response to the growth in US and other non-OPEC supplies, accepting a lower market share to mitigate the downward pressure on prices. As the decline in oil demand gathers pace and the competitiveness of US output wanes, OPEC competes more actively, raising its market share. OPEC’s share of global oil production increases to between 45-65% by 2050 in all scenarios.

Renewables (largely wind and solar power) expand rapidly over the outlook, offsetting the declining role of fossil fuels. The share of renewables in global primary energy increases from around 10% in 2019 to between 35-65% by 2050, driven by the improved cost competitiveness of renewables, together with the increasing prevalence of policies encouraging a shift to low-carbon energy.

The growing importance of renewable energy is underpinned by the continuing electrification of the energy system. The share of electricity in total final energy consumption increases from around a fifth in 2019 to between a third and a half by 2050. 

According to the Outlook, the decarbonization of the energy system is supported by the growing use of low-carbon hydrogen in hard-to-abate processes which are difficult or costly to electrify. The share of primary energy used in the production of low-carbon hydrogen increases to between 5-21% by 2050. Tellingly, the more fossil-friendly scenario has the least hydrogen, while the scenarios with faster transition have the most hydrogen. I’m not sure if this reflects BP’s belief that hydrogen helps drive the transition or BP’s hopes that it can be a meaningful player in hydrogen once its fossil business dries up. Either way, making hydrogen will require a lot of electricity, as BP expects that around 60% of low-carbon supply will be from electrolysis (“green”) in 2030, and growing further in later years.

In transportation, the Outlook predicts a switch away from the reliance on diesel in medium- and heavy-duty trucks and buses, with the share of diesel-based trucks declining from around 90% in 2021 to 5-20% in 2050. The main switch is to electrification, but hydrogen-fueled trucks also play a role (15%), especially for heavy-duty, long-distance use cases. BP’s states that the choice between electrification and hydrogen varies across different countries and regions depending on policies affecting the relative price of electricity and low-carbon hydrogen, as well as on regulatory policies and the development of charging and refueling infrastructures.

BP’s Outlook may be found at https://www.bp.com/en/global/corporate/energy-economics/energy-outlook.html.

Preconceptions on EVs Lead to Wrong Infrastructure Decisions

Drivers of internal combustion vehicles far outnumber drivers of electrical vehicles (EV). Meaning: they are often the ones deciding on EV matters.

Based on a few formal surveys and many ad hoc conversations with drivers and deciders, I unfortunately see that preconceptions on EVs too often drive decision-making on EV matters. I compiled the differences in thinking for combustion and electrical vehicle drivers in the table below. Warning: reality might shock combustion drivers.

What Combustion Drivers Think What EV Drivers Know
Full charge: “You need to charge to 100% before driving.”Charge enough: “I just need to have enough battery to get to where I need to go.”
Long charge time: “It takes much longer to charge your EV than to fuel an ordinary car.”Quick charge (1): “It takes seconds to plug my EV and then I usually go do whatever I need to do.”
Quick charge (2): “If I’m on a road trip, I try to charge at my destination (hotel, cottage…) so I don’t have to wait.”
Quick charge (3): “If I can’t charge home, I get my car to charge overnight at a curbside station, at my workplace, or while shopping.”
Don’t stand there! “Don’t you hate standing beside your car, sweeting, freezing or being rained on, while holding a filthy gas nozzle?”
Slower, but who cares? “Yah, it takes a bit longer to charge at a fast-charging station, but I only charge there as a last resort and very rarely, so it doesn’t matter much since I saved so much time rarely going to gas stations.”
Range anxiety: “Will you have enough charge in the battery to get where you want to go?”Mostly charge at home: “I mostly charge at home and most of my driving is within the 400 km (250 mi.) range of my vehicle.”
Charging anxiety: “Will I be able to charge when I get to the charging station? Will there be a problem such as a broken charger, blocked access, a long waiting line or a combustion vehicle in the stall? How long will it take to charge with this fast charger?”
No charging station: “I don’t see charging stations around where I live.”Easy to find: “Charging sites are easy to find using apps like ChargeHub or PlugShare.”
Good geographic coverage: “Fast charging geographic coverage outside cities is quite good, but there may not be enough charging stalls at peak times.”
Slow is best: “I rather charge at one of the many slow (level 2) destination chargers, often for free, instead of waiting at a fast charger.”
Poor layout: “Why are fast chargers in the remotest corner of the parking lot, or in the middle of nowhere, without a canopy, and requiring backing up? 
No amenities: Is there a restroom and a place to get coffee at this charging station?”
It’s complicated: “Why so many different price scheme? How do I pay? Why do I need to have so many apps on my phone? Don’t you want my business?”
Unreliable public chargers: “Public chargers, especially fast ones, are often broken.”

Messaging and actions to accelerate EV adoption by combustion drivers need to dispel these preconceptions. However, these are different than the messaging and the actions necessary to meet the needs of EV drivers. For example, increasing visibility of charging stations will help combustion drivers realize that there are, indeed, many charging stations around, but it won’t help EV drivers who know how to find them anyway. However, having drive-through layouts and canopies would be greatly appreciated by EV drivers. 

The dichotomy between combustion and EV drivers makes it difficult for government to promote EV adoption while ensuring that the right infrastructure is deployed. This contradiction also led to many charging operators and site owners to install chargers which ended up being lightly used, either because they are not well matched to the site, not well situated, poorly laid out or simply unattended and broken.

Better understanding what combustion drivers and EV drivers think will help us make informed investment decisions. 

Why Are We Trying to Replicate the Gas Station Experience for EVs?

Your grandma’s rotary phone had advantages over a cell phone: it didn’t need to be recharged and the voice quality was superior. Yet, rotary phones can now only be found in museums. And it didn’t stop at cell phones: Apple came along and showed us how a smartphone has potential to be so much more. Our smartphones are now considered essential for running our day-to-day lives beyond communication — we shop, we look for directions, we take pictures; it’s now more of a personal assistant then a phone. But we need to charge them.

The same transformation is happening with EVs. EVs can do more than a combustion vehicle, being batteries on wheels designed around a core computing architecture. We’re only beginning to scratch the surface of how EVs can change our lives, with greater resiliency at home and helping integrate renewable energy sources without contributing as much to climate change.

Yet, non-EV drivers seem to assume that adoption of EVs will be limited until they can be recharged in a time comparable to fueling a combustion vehicle at a gas station. It’s like saying that cell phones and smartphones can’t reach mass adoption until they don’t need to be charged. 

Combustion vehicle drivers might be shocked (warning!) to learn that EV driver behavior is closer to charging a smartphone than fueling a car. EV drivers tend to charge overnight at home or opportunistically during the day, but not necessarily expecting a full charge every time. They prefer to charge at their destination using less expensive, more convenient and more reliable (but slower) level 2 chargers or slow DCFC rather than faster chargers at a “gas station” where they would have to wait and pay more for charging. Do you often “fast charge” your smartphone? I don’t.

“Gas station” charging is the most expensive way to charge in an ecosystem that is very price sensitive (like gasoline). It’s also the most time-consuming way to charge while we all need more time to do our things. Nevertheless, “gas station” charging is crucial in some situations, like along corridors during a road trip. But it’s also a last resort, used as infrequently as possible. Like a payphone in remote locations without cell coverage. But this doesn’t stop us from loving our smartphones.

Fast chargers: over-rated?

Many assume that adoption of light-duty electrical vehicles (EV) will be limited until EVs recharge as fast as combustion vehicles refuel at a gas station. That’s not quite true. The truth will not surprise many EV drivers, but (warning!) some combustion vehicle drivers might be shocked.

For EV drivers to experience a gas station-like experience, charging needs to be complete within minutes, i.e. fast charging, the faster the better, it seems. The need largely arises from the possibility of cross-country road trips, leading to an accent on fast charging along highway corridors. Who doesn’t dream of cruising top-down in a roadster on highway 66 or the Trans-Canada highway?

What’s the real need? The share of energy provided by public fast charging is around 10% to 15%, depending on where you are, and most of this is in cities, not along highway corridors. This breakdown is not surprising, as most EV drivers charge at home, which is also the least expensive place to charge. After home, workplace is the second least expensive place to charge, with some employers providing free charging. For public charging, level 2 chargers are much more economical than fast chargers to install and operate, cost less than half as expensive for drivers to use, are easier to handle (having lighter cables) and may often be more convenient (no need to wait, just park, plug and come back some hours later or the next morning). Given this, plus the fact that the range of modern EVs is more than most people usually need in a day, level 2 chargers at destinations (as well as “slow” fast chargers, like 25 kW or 50 kW) are likely to retain a higher share of charging energy than public super fast charging. Note that 25 kW or 50 kW chargers at commercial destinations like grocery stores are very convenient: you may get a week worth of veggies, milk, meat and driving in one visit, all without waiting.

Corridor fast charging is a last resort, used if other alternatives (home, workplace, and destination charging) are not suitable. This means that fast corridor chargers have relatively low time utilization, but the pattern is peaky, resulting in congestion at certain times, such as Friday afternoon as people leave town for the weekend. The low market share of fast chargers will clearly be a challenge for operators of gas stations, as 100% of fuel is now sold at gas stations. And, with high peaks, congestion will occur even with low average utilization. Operators of fast corridor chargers will have no choice but to increase prices further for captive drivers who have no other alternatives.

However, a good fast charging infrastructure along highway corridors is nevertheless essential, as EV drivers sometimes need it, when they go on road trips. Furthermore, the fast charging infrastructure is also a major showcase for people considering buying an EV. Without it, as infrequently it might be used, few combustion drivers would consider an EV.