La transition énergétique aux États-Unis est sur le point de connaître un changement majeur, avec Chris Wright , PDG de Liberty Energy et futur Secrétaire à l’énergie, et Elon Musk, PDG de Tesla et futur chef du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE). Leurs approches contrastées — le soutien assumé de Wright aux hydrocarbures et l’élan agressif de Musk pour les énergies renouvelables — mettent en lumière la complexité d’équilibrer le soutien politique, la sécurité énergétique, les objectifs climatiques et la croissance économique.
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Visions contrastantes : Wright vs Musk
- Chris Wright plaide pour une énergie abondante, abordable et fiable grâce au pétrole, au gaz et au nucléaire, en mettant l’accent sur des solutions comme la capture du carbone pour réduire les émissions. Il soutient l’expansion de la production nationale, la simplification des réglementations et l’utilisation de l’énergie américaine comme un outil géopolitique.
- Elon Musk envisage une transition rapide vers les énergies renouvelables, l’électrification et le stockage à grande échelle, voyant la décarbonation comme une opportunité économique. Musk défend des politiques qui accélèrent l’innovation, augmentent la production de véhicules électriques et de batteries, et positionnent les États-Unis comme un leader dans les technologies propres, l’IA et l’exploration spatiale.
Implications pour la politique américaine
Tous deux seront probablement membres du nouveau Conseil national de l’énergie, dirigé par le futur secrétaire à l’intérieur Doug Burgum et visant à établir la « domination énergétique » américaine. Leur influence combinée pourrait aboutir à une approche “tout-à-la-fois” :
- Changement climatique : Des politiques équilibrant l’accent de Wright sur la sécurité énergétique et le gradualisme avec l’urgence de Musk pour les VE et les énergies renouvelables.
- Production d’énergie : Expansion de la production de pétrole et de gaz naturel (et peut-être du nucléaire), en parallèle à des investissements dans les énergies renouvelables et le stockage.
- Réglementations : Une déréglementation générale, favorisée par Wright et Musk, simplifiant le développement énergétique tout en réduisant potentiellement les incitations à l’adoption des énergies propres.
- Compétitivité : Exploitation des ressources énergétiques et du leadership technologique des États-Unis, notamment dans les centres de données IA.
- Industrie manufacturière : Renégociation des accords commerciaux (par exemple, l’ACEUM), imposition de tarifs pour protéger les industries nationales et réduction des charges réglementaires sur les fabricants.
- Relations Internationales : Combinaison de l’indépendance énergétique avec un leadership mondial dans le secteur de l’énergie.
Points de conflit entre Wright et Musk
- Combustibles Fossiles : Le soutien solide de Wright aux hydrocarbures comme élément essentiel de la sécurité énergétique contraste fortement avec la mission de Musk de les éliminer au profit des énergies renouvelables.
- Rythme de transition : L’urgence de Musk pour accélérer la transition vers les énergies renouvelables pourrait entrer en conflit avec l’approche plus progressive de Wright, priorisant la fiabilité et la préparation des infrastructures.
Impact sur le commerce du Canada
- Pétrole et gaz : L’accent mis par Wright sur la production nationale pourrait réduire la dépendance des États-Unis au pétrole canadien, bien que la dépendance des raffineries américaines au traitement du brut canadien lourd limite ce changement à court terme.
- Électricité : L’augmentation de l’utilisation du gaz naturel et des batteries à grande échelle aux États-Unis pourrait concurrencer l’hydroélectricité canadienne (y compris Hydro Québec), mais la croissance de l’adoption des VE, des centres de données et du secteur manufacturier pourrait stimuler la demande d’électricité encore plus rapidement.
- Industrie manufacturière : La faible productivité et innovation du secteur manufacturier canadien risque de le marginaliser dans les secteurs émergents des technologies propres comme les énergies renouvelables, l’équipement électrique, les VE et les batteries.
Considérations stratégiques pour le Canada
Pour rester compétitif, le Canada doit :
- Diversifier les exportations de pétrole et de gaz pour réduire la dépendance aux États-Unis.
- S’engager dans la planification interrégionale des réseaux électriques, avec les États américains, en verrouillant ainsi la production canadienne.
- Combler les lacunes en matière de productivité et d’innovation dans le secteur manufacturier.
Conclusion
Le leadership de Wright et Musk redéfinira la politique énergétique des États-Unis, visant à établir une « domination énergétique » américaine. Pour le Canada, cela implique d’ajuster ses stratégies pour rester compétitif tout en s’alignant sur les priorités évolutives des États-Unis.