S’il y a un livre que je recommande souvent pour mieux saisir les relations entre l’État québécois et son plus important outil économique, c’est bien Hydro Québec et l’État québécois, 1944-2005 de l’historien Stéphane Savard .
Ce n’est pas un livre d’entreprise ni un pamphlet politique : c’est une œuvre rigoureuse et nuancée qui replace les grandes décisions énergétiques dans leur contexte social, économique et institutionnel. On y suit la montée d’Hydro-Québec comme symbole du Québec moderne, mais aussi les tensions — parfois productives, parfois paralysantes — entre la société d’État et le gouvernement qui la possède.
Savard met en lumière :
le rôle de la nationalisation dans la Révolution tranquille ;
les choix d’investissement dans les grands barrages du Nord ;
l’évolution du modèle de gouvernance et de régulation jusqu’en 2005.
Un livre essentiel, mais aujourd’hui incomplet.
L’ouvrage s’arrête en 2005, et ne couvre donc pas les changements majeurs survenus depuis, comme :
le virage commercial sous la présidence d’Éric Martel (2015-2020), et son objectif, depuis oublié, de doubler les revenus de l’entreprise ;
la réduction du rôle de la Régie de l’énergie dans la régulation du secteur ;
les tensions entre le gouvernement et la présidente Sophie Brochu ;
le repositionnement stratégique d’Hydro-Québec sous Michael Sabia, dans un contexte de transition énergétique accélérée.
Mais malgré cette limite temporelle, Hydro-Québec et l’État québécois reste une référence incontournable pour toute personne intéressée par l’histoire énergétique du Québec — ou simplement par la façon dont une société façonne ses outils collectifs.
À lire… et à compléter avec une réflexion sur les vingt dernières années.
Le ministère du futur de Kim Stanley Robinson est une œuvre magistrale de fiction climatique ancrée dans le réalisme. Situé dans un futur très proche, le roman s’ouvre sur une vague de chaleur catastrophique en Inde qui tue des millions de personnes et provoque une prise de conscience mondiale. En réaction, l’ONU crée un nouvel organisme — le ministère du futur — chargé de représenter les intérêts des générations futures dans les décisions d’aujourd’hui.
Ce dispositif narratif permet à Robinson d’explorer la transformation économique, la rupture technologique, les conflits politiques et l’urgence éthique liés à la crise climatique. Le roman mêle récit, essais politiques, témoignages et scénarios spéculatifs pour montrer à la fois les horreurs de l’inaction et le potentiel de l’action collective.
Messages clés
1. L’urgence climatique est déjà là. Le roman débute par une catastrophe bouleversante afin de souligner une vérité essentielle : les changements climatiques ne sont pas une menace future, ils sont une réalité brutale et inégale. Les coûts sont humains, sociaux et politiques.
2. Des changements systémiques audacieux sont nécessaires. Le ministère développe des outils comme l’assouplissement quantitatif carbone (toujours pas sûr c’est quoi…) et des réformes des banques centrales — encore fictifs, mais fondés sur des propositions apparemment réalistes. Robinson invite les lecteurs à repenser les fondements de la monnaie, de la valeur et du pouvoir.
3. L’équité et la justice doivent guider l’action climatique. Des migrations forcées aux responsabilités inégalement réparties entre pays, le livre rappelle qu’une politique climatique sans justice n’est ni durable ni légitime.
4. La technologie compte — mais ce n’est pas une solution miracle. Oui, il est question de géo-ingénierie, de réseaux intelligents, de tours solaires et de dirigeables. (Je l’avoue : j’adorerais faire le tour du monde à bord d’un dirigeable solaire.) Mais Robinson insiste : nous ne pourrons pas résoudre cette crise uniquement par la technologie. La volonté collective et la gouvernance sont tout aussi cruciales.
5. L’espoir n’est pas de la naïveté — c’est une responsabilité. Le plus grand mérite du roman est peut-être de demeurer porteur d’espoir — non pas parce que le chemin est facile, mais parce qu’il en vaut la peine. Robinson ne propose aucune illusion, seulement le dur labeur de la coopération internationale, de l’engagement citoyen et du leadership moral.
ConclusionLe ministère du futur n’est pas un roman d’évasion — c’est un miroir, peut-être même une carte. Pour les professionnels engagés dans les domaines du climat, de l’énergie ou des politiques globales, ce livre ne se contente pas de divertir : il provoque. Il nous demande quel genre de monde nous sommes prêts à défendre. Et il nous rappelle que l’avenir nous appartient encore — si nous agissons.
Kim Stanley Robinson’s The Ministry for the Future is a sweeping work of climate fiction rooted in realism. Set in the very near future, it begins with a catastrophic heatwave in India that kills millions, prompting a global reckoning. In response, the UN creates a new body—the Ministry for the Future—tasked with representing the interests of future generations in present-day decision-making.
Through this narrative device, Robinson explores economic transformation, technological disruption, political conflict, and ethical urgency in confronting the climate crisis. The book mixes storytelling with policy essays, eyewitness testimonies, and speculative scenarios to show both the horrors of inaction and the potential of collective resolve.
Key Messages
1. The climate emergency is already here. The novel opens with visceral disaster to underscore a key truth: climate change is not some future threat—it is a brutal, uneven reality now. The costs are human, social, and political.
2. We need bold systemic change. The Ministry develops tools like carbon quantitative easing (still not sure what this is…) and reforms to central banks—fictional now, but grounded in apparently plausible policy thinking. Robinson urges readers to reimagine how money, value, and power are structured.
3. Equity and justice must guide climate responses. From the forced migration of climate refugees to unequal responsibility across nations, the book reminds us that climate policy without justice is neither sustainable nor legitimate.
4. Technology matters—but it’s not a silver bullet. Yes, there’s geoengineering, sailing hydrofoils, and airships. (Confession: I would love to tour the world on a solar-powered dirigible.) But Robinson stresses that we cannot techno-fix our way out of this crisis. Collective will and governance are just as important.
5. Hope is not naïveté—it’s a form of responsibility. Perhaps the novel’s greatest gift is that it remains hopeful—not because the road is easy, but because it is worth walking. Robinson offers no fantasies, only the hard work of international cooperation, citizen engagement, and moral leadership.
ConclusionThe Ministry for the Future is not escapist fiction—it’s a mirror, and maybe a map. For professionals working in climate, energy, or global policy, this book doesn’t just entertain; it provokes. It asks what kind of world we are willing to fight for. And it challenges us to imagine that the future still belongs to us—if we act.
Autocracy, Inc. de Anne Applebaum met en lumière un paradoxe puissant de notre époque : alors que les autocraties consolident leur pouvoir et manipulent le capitalisme pour asseoir leurs régimes, les démocraties ne sont pas à l’abri des mêmes dérives. Elles peuvent elles aussi manipuler les marchés, déformer les récits et utiliser la puissance économique pour imposer leur volonté. Mais il y a un risque qu’elles glissent ainsi vers l’autocratie.
De mon point de vue, qui s’ancre dans un engagement envers la gouvernance démocratique, la collaboration industrielle et une souveraineté équilibrée, les leçons d’Autocracy, Inc. dépassent largement les cas de la Russie et de la Hongrie. Elles résonnent fortement avec l’attitude actuelle des États-Unis, en particulier dans l’escalade des tensions commerciales et les menaces d’annexion implicite vis-à-vis du Canada.
Snyder soutient que les autocraties modernes sont moins idéologiques que pragmatiques. Elles fonctionnent comme des entreprises — d’où le terme Autocracy, Inc. — selon une logique où :
Le pouvoir de l’État sert des intérêts privés
La corruption remplace la transparence
Les leviers économiques prennent la place de la force militaire
Le contrôle du récit prime sur la vérité
Plutôt que d’exporter une idéologie, ces régimes exportent l’impunité. Et, fait troublant, les systèmes financiers et politiques mondiaux les soutiennent souvent tacitement.
Mais l’avertissement le plus glaçant de Snyder est celui-ci : les méthodes de l’autocratie peuvent contaminer les démocraties, surtout lorsqu’elles cherchent à maintenir leur domination dans un monde en mutation.
Les États-Unis comme actionnaire réticent de Autocracy, Inc.
Dans les tensions commerciales actuelles avec le Canada, on peut observer des tactiques empruntées au manuel autocratique — même de la part d’un partenaire démocratique historique.
Les États-Unis :
Utilisent l’accès à leur marché comme levier
Interprètent les politiques «?Buy American?» de manière à désavantager les entreprises canadiennes
Exercent des pressions pour aligner les chaînes d’approvisionnement canadiennes sur leurs priorités
Bloquent ou entravent les exportations d’énergie canadienne sous prétexte d’autosuffisance ou de sécurité
Ces actions ne prétendent même plus s’inscrire dans une transition verte ou un projet démocratique commun. Les États-Unis poursuivent une stratégie industrielle nationaliste étroite — privilégiant le contrôle intérieur à la coopération internationale, même avec leurs alliés les plus proches.
Ce n’est pas un partenariat. C’est de la coercition économique au service d’une domination stratégique, selon une logique qui rappelle celle des régimes autocratiques : consolider le pouvoir, sécuriser les chaînes d’approvisionnement, imposer ses conditions.
Sous cet angle, les États-Unis se comportent moins comme un allié coopératif que comme un actionnaire dominant de Autocracy, Inc., utilisant leur position pour imposer leur volonté — sans idéologie, uniquement par la force économique.
Ce que cela signifie pour le Canada
Le moment appelle à une vision stratégique claire.
Le Canada doit :
Renforcer ses capacités souveraines — non pas pour s’isoler, mais pour négocier d’égal à égal
Développer des marchés intérieurs solides — en éliminant les barrières commerciales interprovinciales et en favorisant les chaînes de valeur régionales
Nouer des partenariats résilients — notamment avec l’Europe et les démocraties hors de la sphère étatsunienne
Élaborer une politique industrielle fondée sur la réciprocité et la résilience — plutôt que sur la seule efficacité
Il nous faut dépasser la nostalgie de l’ordre multilatéral d’après-guerre, qui n’existe plus. La vraie question est de savoir si nous pouvons cocréer un nouveau modèle où les démocraties de petite et moyenne taille ne sont pas des vassales, mais des partenaires essentiels — des partenaires qui s’épaulent politiquement, mais aussi qui offrent des alternatives économiques fiables. Le Canada, en particulier, peut et doit se substituer à certains produits et ressources que nos alliés obtiennent actuellement des États-Unis.
Conclusion : la démocratie, ce n’est pas que les élections
L’avertissement de Snyder est limpide : Autocracy, Inc. n’est pas seulement un diagnostic des régimes autoritaires — c’est une grille de lecture pour comprendre comment les démocraties peuvent se dégrader de l’intérieur, ou commencer à imiter ce qu’elles prétendaient combattre.
Le comportement des États-Unis dans cette guerre commerciale avec le Canada devrait tous nous inquiéter — non pas parce qu’il reflète Moscou ou Pékin, mais parce qu’il montre à quelle vitesse les valeurs peuvent se tordre lorsque le pouvoir est en jeu.
Le Canada peut — et doit — répondre, non pas en imitant, mais en s’appuyant sur des principes démocratiques fermes, une autonomie stratégique et une vision de la collaboration industrielle fondée sur l’équité et l’intérêt mutuel.
Anne Applebaum’s Autocracy, Inc. exposes a powerful paradox of our time: while autocracies consolidate power and manipulate capitalism to entrench their regimes, democracies are not immune to these same tactics. They, too, can manipulate markets, distort narratives and use economic might to impose their will. But there is then a risk that they will slide towards autocracy.
From my perspective—rooted in a commitment to democratic governance, industrial collaboration, and balanced sovereignty—the lessons of Autocracy, Inc. extend well beyond Russia or Hungary. They resonate strongly with the current posture of the United States, particularly in relation to its escalating commercial tensions and annexation threats towards Canada.
Snyder’s thesis is that modern autocracies are less about ideology and more about control. They operate like corporations—hence “Autocracy, Inc.”—with:
State power serving private interests
Corruption replacing transparency
Economic levers substituting military force
Narrative control overshadowing truth
Rather than exporting ideology, these regimes export impunity. And troublingly, global financial and political systems often go along.
But Snyder’s most chilling insight is this: the methods of autocracy can spread to democracies, especially those trying to maintain dominance in a world of shifting power.
The U.S. as a reluctant shareholder of Autocracy, Inc.
In the current trade tensions with Canada, we can observe the autocratic playbook in action—even from a long-standing democratic partner.
The United States is:
Using market access as leverage
Interpreting “Buy American” policies in ways that disadvantage Canadian firms
Exerting pressure to align Canada’s supply chains with U.S. priorities
Blocking or undermining Canadian energy exports under the guise of self-sufficiency or security
These actions no longer even pretend to be part of a green transition or a shared democratic project. The U.S. is pursuing a narrow, nationalistic industrial agenda—prioritizing domestic control over international cooperation, even with its closest allies.
This isn’t partnership. It’s economic coercion in service of strategic dominance, echoing the same logic that fuels autocratic regimes: consolidate power, secure supply chains, and dictate terms.
From this vantage point, the U.S. behaves less like a cooperative ally and more like a dominant shareholder in Autocracy, Inc., leveraging its position to extract compliance—no ideology, just economic muscle.
What this means for Canada
This moment calls for strategic clarity.
Canada must:
Strengthen sovereign capabilities—not to isolate, but to negotiate as equals
Develop strong internal markets—by breaking down interprovincial trade barriers and encouraging regional value chains
Build resilient partnerships—especially with Europe and democratic countries beyond the U.S. sphere
Craft an industrial policy rooted in reciprocity and resilience—not just efficiency or convenience
We need to move beyond nostalgia for a postwar rules-based order that no longer exists. The question now is whether we can co-create a new model where small and mid-sized democracies are not vassals, but vital partners for each other—partners who not only support one another politically, but also provide reliable economic alternatives. Canada, in particular, can and should substitute for some of the products and resources that our allies currently rely on the U.S. for.
Conclusion: democracy is more than elections
Snyder’s warning is clear: Autocracy, Inc. isn’t just a diagnosis of authoritarian regimes—it’s a lens to understand how democracies can decay from within, or start mimicking what they once opposed.
The U.S.’s behaviour in this commercial war with Canada should concern us all—not because it mirrors Moscow or Beijing, but because it shows how quickly values can bend when power is at stake.
Canada can—and must—respond, not by imitating, but by standing firm in democratic principles, strategic autonomy, and a vision of industrial collaboration rooted in fairness and mutual benefit.
Fareed Zakaria’s The Age of Revolutions offers a sweeping historical analysis of how industrialization, nationalism, and globalization have shaped modern economies and political systems. While the book primarily examines the past, starting in the Netherlands in the 16th century, then going through revolution in England, France and the USA, its themes resonate strongly with today’s geopolitical landscape—especially in the context of growing friction between Canada and the United States. The history Zakaria lays out provides valuable insight into the underlying causes of these tensions and the broader implications for both countries.
A History of Economic Protectionism and Industrial Rivalry
One of Zakaria’s key arguments is that America’s economic rise was initially built on a foundation of industrial espionage, protectionism, and aggressive infrastructure investment. He notes that the United States borrowed heavily from British innovations—often illicitly—while shielding its emerging industries with high tariffs.
Canada, like Britain before it, now finds itself at odds with a protectionist America. Recent trade disputes, ranging from energy tariffs to tensions over steel and aluminum, mirror the historical patterns of economic nationalism Zakaria describes. In recent years, the US has increasingly leaned into policies that favour domestic production at the expense of traditional trading partners. In this sense, The Age of Revolutions serves as a reminder that economic nationalism is not new—it is an intrinsic part of America’s historical DNA.
Nationalism as a Tool of Political Distraction
Zakaria argues that conservative nationalist movements in the 19th century used protectionism and xenophobia as tools to deflect internal unrest. He writes: “The winners of this struggle tended to be the conservative nationalists who often addressed domestic unrest by unifying or distracting people with nationalism and imperialism.” This observation is strikingly relevant today.
As Canada and the US navigate disputes over trade, border policies, and energy projects, there is a temptation—on both sides—to frame these conflicts in nationalist terms. American populists argue that Canadian trade and taxation practices undercut US workers, while Canadian politicians respond by emphasizing national sovereignty and economic independence. Zakaria’s analysis suggests that these tensions are not solely about economics; they are also about domestic political calculations. Leaders may find it easier to blame foreign actors than to address systemic economic challenges at home.
The Shift Away from Free Trade
Another major theme in The Age of Revolutions is the historical ebb and flow of free trade. Zakaria notes that the late 19th century saw a sharp turn toward protectionism across industrialized nations, driven by fears of economic instability and foreign competition. He points out that “beginning around the 1890s, industrialized nations moved away from free markets and free trade”.
This shift bears a striking resemblance to the post-2016 trade environment, where the US has retreated from multilateral agreements and imposed tariffs on key imports. Canada, a strong proponent of open markets, has found itself repeatedly in the crossfire. Whether it was the renegotiation of NAFTA into the USMCA, the Inflation Reduction Act (IRA), or recent restrictions on Canadian steel and aluminum, the US has embraced a zero-sum approach to trade that mirrors the 19th-century patterns Zakaria describes.
Lessons for Canada: Navigating an Uncertain Future
Zakaria’s historical analysis underscores that economic and political trends are cyclical. Just as nations in the past turned to protectionism before eventually recognizing its limitations, today’s retreat from globalization is unlikely to be permanent. However, Canada must be strategic in navigating this period of heightened economic nationalism.
· Diversification of Trade Partnerships: As Zakaria highlights, the failure of economic sanctions on Russia since it invaded Ukraine demonstrates that the global economy is vast and adaptable. Canada should deepen its trade relationships with Europe, Asia, and Latin America to reduce dependence on the US.
· Investment in Domestic Innovation: The US once used intellectual property theft and industrial policy to fuel its rise. Canada should take a proactive approach by investing in domestic industries, particularly in green technology and advanced manufacturing, to improve productivity and to ensure economic resilience.
· Maintaining Diplomatic and Economic Leverage: Zakaria’s work illustrates how economic power translates into political leverage. Canada should continue to assert its influence within global institutions, ensuring that it remains a key player in shaping international trade rules rather than merely reacting to American policy shifts.
· Leveraging Energy and Natural Resources: Canada possesses an abundance of energy resources, including oil, natural gas, and renewable electricity, as well as critical minerals essential for modern industries. By strategically developing these resources, Canada can strengthen its economic position, attract investment, and ensure energy security while contributing to global sustainability goals.
Conclusion: A Historical Perspective on Modern Challenges
Zakaria’s The Age of Revolutions provides a compelling historical lens through which to view the current Canada-US relationship. The protectionist policies, nationalist rhetoric, and economic tensions we see today are not anomalies—they are echoes of past conflicts. Recognizing these patterns can help Canada craft a forward-thinking strategy that balances economic integration with national resilience.
While history does not repeat itself exactly, its rhythms remain familiar. As Canada and the US navigate their economic relationship, the lessons of past revolutions remind us that no period of tension is permanent. Strategic adaptation, rather than reactionary nationalism, will be the key to Canada’s continued prosperity.
Le livre The Age of Revolutions de Fareed Zakaria offre une analyse historique approfondie de l’industrialisation, du nationalisme et de la mondialisation, et de leur impact sur les économies et systèmes politiques modernes. Bien que le livre traite principalement du passé, partant au 16e siècle aux Pays-Bas et poursuivant en Angleterre, en France et aux États-Unis, ses thèmes résonnent fortement avec le contexte géopolitique actuel — particulièrement en ce qui concerne les tensions croissantes entre le Canada et les États-Unis. L’histoire que présente Zakaria offre un aperçu précieux des causes sous-jacentes de ces tensions et de leurs implications plus larges pour les deux pays.
Un historique du protectionnisme économique et des rivalités industrielles
L’un des principaux arguments de Zakaria est que la montée économique des États-Unis s’est initialement appuyée sur l’espionnage industriel, le protectionnisme et des investissements massifs dans les infrastructures. Il souligne que les États-Unis ont emprunté — souvent illicitement — de nombreuses innovations britanniques, tout en protégeant leurs industries émergentes par des tarifs douaniers élevés.
Le Canada, tout comme la Grande-Bretagne avant lui, se retrouve aujourd’hui en conflit avec une Amérique protectionniste. Les différends commerciaux récents, allant des tarifs sur l’énergie à ceux sur l’acier et l’aluminium, reflètent les schémas historiques du nationalisme économique que Zakaria décrit. Ces dernières années, les États-Unis ont de plus en plus adopté des politiques favorisant la production nationale au détriment de leurs partenaires commerciaux traditionnels. Le mouvement des révolutions nous rappelle que le nationalisme économique n’est pas un phénomène récent?; il fait partie intégrante de l’histoire américaine.
Le nationalisme comme outil de distraction politique
Zakaria soutient que les mouvements nationalistes conservateurs du XIXe siècle utilisaient le protectionnisme et la xénophobie pour détourner l’attention des troubles internes. Il écrit, en anglais : «?Les vainqueurs de cette lutte ont souvent été des nationalistes conservateurs qui, pour répondre aux troubles intérieurs, unifiaient ou détournaient les populations en utilisant le nationalisme et l’impérialisme.?» Cette observation est terriblement actuelle.
Alors que le Canada et les États-Unis naviguent entre conflits commerciaux, projets énergétiques et tensions frontalières, la tentation existe, des deux côtés, de présenter ces tensions sous un prisme nationaliste. Les populistes américains accusent les pratiques commerciales et fiscales canadiennes de nuire aux travailleurs américains, tandis que les politiciens canadiens répliquent en mettant l’accent sur la souveraineté nationale et l’indépendance économique. L’analyse de Zakaria suggère que ces tensions ne sont pas seulement économiques?; elles répondent aussi à des calculs politiques internes. Il est souvent plus facile pour les dirigeants de blâmer des acteurs étrangers que de s’attaquer aux défis économiques systémiques nationaux.
Le retrait du libre-échange
Un autre thème central du livre est l’alternance historique entre libre-échange et protectionnisme. Zakaria note que la fin du XIXe siècle a vu un revirement drastique vers le protectionnisme dans les pays industrialisés, en réaction aux craintes d’instabilité économique et à la concurrence étrangère. Il explique que «?vers les années 1890, les nations industrialisées se sont éloignées des marchés libres et du libre-échange.?»
Cette évolution évoque l’atmosphère économique d’après 2016, où les États-Unis ont distancé les accords multilatéraux et ont imposé des tarifs sur des importations cruciales. Le Canada, fervent partisan des marchés ouverts, s’est retrouvé à plusieurs reprises dans la ligne de mire. Que ce soit lors de la renégociation de l’ALENA en ACEUM, en adoptant l’Inflation Reduction Act (IRA), ou par les récentes restrictions sur l’acier et l’aluminium canadiens, les États-Unis ont adopté une approche protectionniste à somme nulle qui reflète les schémas du XIXe siècle décrits par Zakaria.
Leçons pour le Canada : naviguer dans un avenir incertain
L’analyse historique de Zakaria souligne que les tendances économiques et politiques sont cycliques. De la même manière que les nations ont autrefois adopté le protectionnisme avant d’en reconnaître les limites, il est peu probable que le recul actuel de la mondialisation soit permanent. Cependant, le Canada doit être stratégique pour naviguer dans cette période de nationalisme économique accru.
· Diversification des partenariats commerciaux : Zakaria met en évidence l’échec des sanctions économiques contre la Russie après son invasion de l’Ukraine, ce qui démontre que l’économie mondiale est vaste et adaptable. Le Canada devrait renforcer ses relations commerciales avec l’Europe, l’Asie et l’Amérique latine pour réduire sa dépendance aux États-Unis.
· Investissement dans l’innovation nationale : Les États-Unis ont autrefois utilisé le vol de propriété intellectuelle et des politiques industrielles pour stimuler leur croissance. Le Canada devrait adopter une approche proactive en investissant dans ses propres industries, en particulier la technologie verte et la fabrication avancée, afin d’améliorer la productivité et de garantir sa résilience économique.
· Maintien d’un levier diplomatique et économique : L’ouvrage de Zakaria illustre comment la puissance économique se traduit par une influence politique. Le Canada doit continuer à affirmer son rôle dans les institutions mondiales pour rester un acteur clé dans l’élaboration des règles du commerce international, au lieu de simplement réagir aux décisions américaines.
· Développement de l’énergie et des ressources naturelles : Le Canada possède une abondance de ressources énergétiques, y compris le pétrole, le gaz naturel et l’électricité renouvelable, ainsi que des minéraux critiques essentiels aux industries modernes. En développant stratégiquement ces ressources, le Canada peut renforcer sa position économique, attirer des investissements et assurer sa sécurité énergétique tout en contribuant aux objectifs mondiaux de durabilité.
Conclusion : une perspective historique sur les défis actuels
The Age of Revolutions de Zakaria offre un prisme historique fascinant pour examiner la relation actuelle entre le Canada et les États-Unis. Les politiques protectionnistes, la rhétorique nationaliste et les tensions économiques que nous observons aujourd’hui ne sont pas des anomalies, mais des échos de conflits passés. Comprendre ces tendances peut aider le Canada à élaborer une stratégie tournée vers l’avenir, qui équilibre intégration économique et résilience nationale.
Si l’histoire ne se répète pas exactement, ses rythmes restent familiers. Alors que le Canada et les États-Unis continuent de façonner leur relation économique, les leçons des révolutions passées nous rappellent qu’aucune période de tension n’est permanente. L’adaptation stratégique, plutôt que le nationalisme réactionnaire, sera la clé de la prospérité continue du Canada.
Jean-Benoit Nadeau and Julie Barlow have published this worthwhile book on Hydro-Québec. I have recently read the French version, and the English translationwill be available on October 15, 2019. I would highly recommend this book to people who need to understand what is driving Hydro-Québec. Electrical system vendors and other industry stakeholders will certainly appreciate the perspective that Branchée/Charging Aheadbrings. However, the authors largely (but not exclusively) rely on internal Hydro-Québec sources and sometimes come across as overly praising the company. Other, more critical, sources might be needed to grasp the complexities of the energy sector in Québec.
Overall, Branchée/Charging Ahead is a very well-documented book on Hydro-Québec and current strategic directions. Fifty-three people were interviewed, including a large number of Hydro-Québec personnel, up to the CEO, Éric Martel. The book also draws on multiple third-party references and previous article published by the authors.
Branchée/Charging Aheadstarts with a history of Hydro-Québec. The history of Hydro-Québec innovations is highlighted, with the 735 kV transmission lines being described as “Hydro-Québec’s great technical prowess”[i]. However, this technology dates back to the 1960s’. While there has been nothing remotely comparable since then, the book lists other examples of Hydro-Québec innovations, such as the LineRanger robot, Li-Ion batteries and TM4 electric motors. The book rightfully says that the “commercialization of inventions is an old fantasy of Hydro-Québec. For 30 years, all CEOs have talked about their amazing potential. But their promises have always disappointed.”[ii]TM4 is a good example given in the book: TM4 used up $500 million over 20 years, but Hydro-Québec sold 55% of it to Dana for only $260 million.[iii]
The book contains many noteworthy and hard-to-find current facts and numbers that industry professional might find valuable, such as:
As of early 2019, there are 716 prosumers (distributed generators) on Hydro-Québec’s network.[iv]
By controlling just 4 baseboard smart thermostats, Hydro-Québec can reduce the peak load of a typical household by 1 kW; Ten smart thermostats lead to a 2 kW saving.[v]
Hydro-Québec is running a smart home pilot project with 400 households, intending to launch a new smart home product through an unnamed subsidiary; Sowee, from Électricité de France, is given as a comparable.[vi]
The authors do not attempt to explain their paradox of innovation promises to have always failed Hydro-Québec and Hydro-Québec continuing to heavily invest in innovation.
Toward the end, Branchée/Charging Ahead provides many insights into the thinking of Hydro-Québec senior managers, including where they see the industry going, how it is going to affect Hydro-Québec, what strategic imperatives ensue, and what Hydro-Québec needs to do. Undoubtedly, vendors could find in here material to enrich proposals and presentations.
I found very few instances of questionable facts in the book. The Philadelphia Navy Yard microgrid is given as an example[vii], but this project has now been abandoned and is being reborn on a much smaller scale. Economically, I also disagree with the statement that Hydro-Québec is well positioned to develop hydrogen production[viii]– there is far more value in using dispatchable hydro to balance renewable resources than to produce hydrogen from electricity (which is a highly inefficient process).
Furthermore, I believe that many customers, outside industry expert, vendors or other utilities might object to some praising characterization of Hydro-Québec, such as when the authors state that Hydro-Québec “is one of the best managed electricity grids on the continent and is admired by the largest companies in the industry”[ix]or that it has one of the most reliable grids on the continent[x]. The book would have been more balanced by giving a greater voice to those external stakeholders. Also, given the generally positive perspective that the authors are offering, Branchée/Charging Aheadwill certainly support Hydro-Québec when it tries to gather support for Bill 34[xi].
All this being said, I greatly enjoyed reading the book and I highly recommend it to anyone wanting to better understand this fascinating company. However, I would caution against drawing conclusions or designing policies based solely on Branchée/Charging Aheadwithout balancing some of the ideas with more independent sources.
[i] Chapter 2. Quotes from the book are translated from the French edition.