Monthly Archives: November 2025

Quelle empreinte pour nos sources d’électricité??

Introduction

L’énergie n’est pas seulement une question de carbone, de coûts ou de technologie… c’est aussi une question d’espace et de temps. Chaque filière électrique mobilise une portion du territoire, parfois visible, parfois diffuse, pendant des durées qui varient fortement entre la construction, l’exploitation et la remédiation. Ces différences spatio-temporelles influencent profondément la planification, l’acceptabilité et la durabilité de nos choix énergétiques.

(LinkedIn: https://www.linkedin.com/pulse/quelle-empreinte-pour-nos-sources-d%25C3%25A9lectricit%25C3%25A9-benoit-marcoux-ez3re/)

Aperçu

Le tableau comparatif synthétique ci-dessous (la version complète est en annexe) montre à quel point l’occupation du territoire varie selon les technologies de production, mais aussi comment la nature et la durée de cette occupation diffèrent : permanente ou temporaire, exclusive ou partagée, extractive ou réversible.

(Dans la mesure du possible, les données et hypothèses utilisées prennent le Québec comme référence géographique et technique.)

Tableau synthétique — Empreinte foncière par filière (ha/TWh/an)

Article content

Unités : hectares par TWh d’électricité livrée annuellement (ha/TWh/an). Les chiffres incluent les emprises de transport, les chaînes d’approvisionnement et, le cas échéant, un crédit de co-usage. Le tableau complet est présenté en annexe. Les détails des hypothèses qui sous-tendent ces tableaux sont disponibles sur demande dans un document distinct. Un hectare est équivalent à environ 108?000 pi² ou 2,5 acres.

L’hydroélectricité à réservoir a une empreinte spatio-temporelle importante, mais elle est très pratique, car sa puissance est réglable, contrairement au nucléaire ou à l’hydroélectricité au fil de l’eau qui fonctionnent en continu. Solaire et éolien restent intermittents, mais au Québec, les grands réservoirs facilitent leur intégration : l’électricité solaire produite l’été permet de garder l’eau pour les pointes hivernales.

Ces tableaux montrent à quel point l’occupation du territoire varie selon les filières de production d’électricité, et surtout, comment la nature et la durée de cette occupation diffèrent. Les grands réservoirs d’Hydro-Québec et les filières fossiles dominent en superficie absolue et en durée, mais cette occupation n’a ni la même intensité d’usage ni la même réversibilité que celle des technologies récentes.

Méthodologie

La méthodologie utilisée pour arriver à ces tableaux repose sur une approche progressive :

  • On part de l’empreinte directe, c’est-à-dire la surface physique occupée par les infrastructures de production, puis on applique trois ajustements pour obtenir l’empreinte ajustée.
  • On ajoute d’abord les extensions spatiales associées à la chaîne d’approvisionnement et au transport d’électricité, qui représentent la portion amont et aval du cycle énergétique.
  • On soustrait ensuite le co-usage (agricole, récréatif, écologique) pour tenir compte des surfaces partagées.
  • Enfin, on pondère par la durée d’occupation afin d’obtenir une mesure spatio-temporelle nette, exprimée en hectares par TWh d’énergie livrée par an.

Cette méthode permet une comparaison équitable entre des technologies à des échelles très différentes — de quelques panneaux solaires à un complexe hydroélectrique continental.

L’empreinte directe

L’empreinte directe correspond à la surface occupée physiquement par les infrastructures d’une centrale ou d’un parc de production. C’est le point de départ de toute comparaison entre filières, car elle traduit la portion du territoire directement touchée par la production d’énergie — le noyau et la zone liée au projet.

En plus du noyau, soit la centrale elle-même, l’empreinte directe inclut toute la zone liée au projet, y compris l’espace périphérique nécessaire au fonctionnement ou à la sécurité des installations. Elle varie fortement d’une filière à l’autre :

  • Dans le cas du nucléaire, elle comprend la zone d’exclusion et la zone de planification d’urgence, qui s’étendent sur plusieurs kilomètres autour du site et où les usages sont restreints.
  • Pour les centrales au charbon ou au gaz, elle inclut les marges de sécurité, les bassins de refroidissement et les zones industrielles adjacentes.
  • Pour l’hydroélectricité, elle comprend les digues et les réservoirs, souvent inondés de façon permanente.
  • Dans le cas de l’éolien, il s’agit des zones d’espacement entre turbines et des voies d’accès
  • Pour le solaire, des chemins de service et des marges autour des parcs, ou l’espace de toiture.

L’ensemble de ces zones élargit considérablement l’emprise apparente du projet, sans pour autant être toujours entièrement exclusif. Elles doivent donc être considérées comme une composante essentielle de l’empreinte directe.

Variabilité entre filières

  • Les grands ouvrages hydroélectriques submergent des milliers de kilomètres carrés, transformant durablement le paysage.
  • Les centrales thermiques ou nucléaires ont une empreinte compacte, concentrée autour des bâtiments et des aires de sécurité.
  • Les parcs éoliens et solaires s’étendent sur de grandes surfaces, mais leur occupation matérielle est faible : une petite fraction du sol est réellement construite.

Trois ajustements à l’empreinte directe

Trois facteurs principaux viennent donc ajuster l’empreinte directe :

1. Chaîne d’approvisionnement et transport d’électricité — une extension spatiale

L’empreinte réelle d’une filière dépasse largement le site de production. En amont, elle inclut les zones d’extraction et de transformation des matériaux et des combustibles?; en aval, elle comprend les réseaux de transport d’électricité nécessaires pour acheminer l’énergie vers les centres de charge.

Cet effet revêt une importance particulière pour l’hydroélectricité à réservoir au Québec : les lignes de transport de 315 à 735 kV peuvent parcourir plusieurs centaines de kilomètres, voire dépasser 1?500 km, afin d’acheminer l’électricité des centrales nordiques vers les régions consommatrices du sud. À l’inverse, les autres filières — solaire, éolien, thermique — peuvent être implantées beaucoup plus près des centres de charge, voire cosituées.

En ce qui concerne les filières fossiles et nucléaires, la chaîne d’approvisionnement (extraction minière, oléoducs, usines de traitement) domine souvent l’empreinte globale. En revanche, pour les énergies renouvelables distribuées, cette contribution reste négligeable.

2. Co-usage — un crédit spatial

Le co-usage s’applique, à des degrés variables, à l’ensemble des filières.

  • Dans le cas de l’éolien terrestre ou du solaire vertical bifacial, plus de 80 % du terrain reste disponible pour d’autres usages — agricoles, forestiers ou écologiques.
  • Pour l’hydroélectricité au fil de l’eau, les berges et les plans d’eau peuvent servir à la navigation, à la pêche ou aux loisirs.
  • Les centrales thermiques ou nucléaires, bien que plus confinées, peuvent parfois être entourées de zones écologiques protégées ou d’aires de recherche et de surveillance environnementale.
  • Même les réservoirs hydroélectriques, bien que permanents, offrent un certain co-usage récréatif.
  • Par contraste, le solaire en toiture, bien qu’excellent pour le co-usage, demeure un potentiel réel, mais limité, principalement en raison de la surface disponible, de la géométrie et de l’orientation des toits. Même pleinement mobilisé, il ne peut couvrir qu’une part relativement modeste de la demande provinciale.

Le co-usage agit donc comme un crédit spatial qui réduit l’empreinte effective d’une filière en valorisant l’intégration d’autres fonctions sur le même territoire. Il devient ainsi un indicateur de compatibilité territoriale entre énergie et autres fonctions socioéconomiques.

3. Dimension temporelle — une occupation prolongée

Enfin, la durée pendant laquelle le territoire reste occupé — de la construction à la remédiation — influence directement l’intensité réelle de l’emprise. Les filières à cycles longs (hydro, nucléaire, fossiles) immobilisent des surfaces pendant des décennies, voire de façon permanente, tandis que les renouvelables récents (solaire, éolien) ont des cycles plus courts et réversibles.

  • Construction : un barrage ou une centrale thermique exige plusieurs années, parfois une décennie, avant d’atteindre sa pleine capacité, alors qu’un parc éolien ou solaire se construit en moins de deux ans.
  • Fin de vie et remédiation : les sites fossiles et nucléaires nécessitent des décennies de démantèlement et de suivi?; les projets éoliens ou solaires peuvent être démontés, remotorisés ou réaffectés en quelques mois.
  • Temps non productif : pendant ces phases de construction ou de réhabilitation, le territoire reste occupé, mais ne produit pas d’énergie. Les filières à cycles longs subissent donc une inefficience temporelle plus marquée.

Ces trois ajustements — chaîne d’approvisionnement et transport d’électricité, co-usage, et temporalité — redéfinissent la notion même d’empreinte foncière, en l’élargissant d’une surface brute à une occupation spatio-temporelle nette.

Hydroélectricité et acceptabilité

L’hydroélectricité, fondement du système québécois, se distingue par sa stabilité et son intégration paysagère historique, mais les réservoirs restent une occupation permanente du sol — un legs irréversible. Ce modèle a longtemps bénéficié d’une large acceptabilité sociale au sud du Québec, où l’hydroélectricité est perçue comme un symbole de modernité et de souveraineté énergétique. Il n’en va pas de même pour plusieurs Premières Nations du Nord, pour qui ces ouvrages ont entraîné des pertes territoriales et culturelles profondes, et continuent de soulever des enjeux de reconnaissance, de gouvernance et de partage des bénéfices.

Co-usage vertical : le cas de Beauharnois

Le canal d’amenée de la centrale hydroélectrique de Beauharnois montre bien qu’une infrastructure existante peut être multifonctionnelle. Ce canal artificiel, long d’environ 25 kilomètres et large d’environ 1 kilomètre (soit environ 2?500 hectares de surface d’eau), fait partie intégrante de la voie maritime du Saint-Laurent et sert à la navigation commerciale et au contrôle des niveaux d’eau. Cette double fonction en fait un exemple remarquable de co-usage hydraulique et logistique. Le même canal pourrait accueillir du solaire flottant (floating PV) sans nuire à la fonction hydraulique ni à la navigation. À une densité réaliste de 0,5 MW/ha, on pourrait y installer environ 1,2 GW de panneaux produisant 1,5 à 1,8 TWh/an, soit près de 15 % de la production actuelle de Beauharnois (11,7 TWh). Ce type d’intégration permettrait d’augmenter la production électrique sans nouvelle emprise foncière : une forme de co-usage technologique et territorial déjà anthropisé.

Enjeux et perspectives

L’analyse foncière met en lumière trois enseignements structurants :

  1. L’importance du transport et de l’approvisionnement : plus une source est éloignée des centres de charge, plus l’emprise associée aux lignes de transport devient significative. Dans le cas des centrales fossiles, il faut aussi considérer les réseaux d’approvisionnement (p. ex. gazoducs) qui, comme le canal de Beauharnois pour la voie maritime du Saint-Laurent, constituent une part importante de l’empreinte spatiale réelle du système énergétique.
  2. La valeur du co-usage : ce n’est pas tant la superficie brute qui compte que la capacité d’un projet à partager l’espace avec d’autres fonctions.
  3. La réversibilité et la remédiation : les technologies récentes — éolien, solaire, stockage — se distinguent par leur capacité à libérer ou réutiliser les terrains à la fin de vie d’une centrale ou d’un parc.

Sur ce dernier point, les filières fossiles et le nucléaire laissent souvent une empreinte durable :

  • Les mines de charbon et les bassins de cendres nécessitent des décennies de surveillance environnementale?;
  • Les puits de gaz et les pipelines exigent un scellement et un suivi à long terme pour éviter les fuites de méthane?;
  • Les centrales nucléaires doivent être démantelées sur plusieurs décennies, et les sites de stockage des déchets demeurent interdits pendant des générations.

Cette différence temporelle d’occupation — le temps pendant lequel le territoire reste effectivement mobilisé même si la centrale ne produit plus — est aussi déterminante que la superficie elle-même.

Ces éléments suggèrent qu’à long terme, le véritable avantage des filières éolienne et solaire ne réside pas seulement dans leurs faibles émissions, mais dans leur empreinte spatio-temporelle qualitative : co-utilisable, réversible et temporellement limitée.

Conclusion

L’empreinte foncière des filières électriques ne se résume pas à une mesure d’hectares. Elle raconte notre rapport collectif au territoire : ce que nous acceptons de transformer, de partager ou de préserver pour produire l’énergie dont nous dépendons.

Au Québec, cette lecture spatio-temporelle rappelle trois évidences simples :

  • Notre patrimoine hydroélectrique a façonné le paysage et les mentalités, mais il ne peut à lui seul répondre à la croissance future de la demande?;
  • Les nouvelles filières renouvelables — solaire, éolien, stockage — ne menacent pas le territoire, mais l’invitent à devenir multifonctionnel : économique, agricole, énergétique et écologique à la fois?;
  • La proximité, la réversibilité et la temporalité doivent désormais compter autant que la puissance installée dans les critères de planification.

Réduire les émissions de carbone ne suffira pas : il faut aussi réduire la durée et l’intensité de notre emprise sur le territoire. Les technologies capables de coexister, de s’adapter et de disparaître sans traces sont celles qui construiront une énergie vraiment durable.

Annexe — Tableau complet d’usage du sol par filière électrique (ha/TWh/an)

Article content

Unités : hectares par TWh d’électricité livrée annuellement (ha/TWh/an). Les chiffres incluent les emprises de transport, les chaînes d’approvisionnement et, le cas échéant, un crédit pour le co-usage.

Définitions des colonnes

Noyau (emprise directe)

Surface strictement occupée par les infrastructures physiques de production : centrale, panneaux, turbines, plateformes, routes internes, postes électriques.

Zone liée au projet

Espace périphérique requis pour la sécurité, l’accès, l’espacement technique ou le fonctionnement, comme les zones d’exclusion nucléaires, les marges solaires ou l’espacement entre éoliennes.

Transport ? sud du Québec

Emprise foncière associée aux lignes de transport nécessaires pour relier la source de production (souvent au nord) aux centres de charge du sud du Québec : corridors 735 kV, 315 kV, postes et emprises.

Chaîne d’approv.

Surface indirectement mobilisée par l’extraction, la transformation, le transport et la logistique des matériaux ou combustibles : mines, pipelines, usines de traitement, terminaux, carrières, selon la filière.

Empreinte avant co-usage

Somme du noyau, de la zone liée au projet, du transport et de la chaîne d’approvisionnement — sans tenir compte des zones partageables.

Co-usage spatial (crédit)

Part de la zone liée au projet pouvant être utilisée simultanément pour d’autres fonctions (agriculture, foresterie, navigation, récréation). Plus ce crédit est élevé, plus l’empreinte réelle diminue.

Empreinte spatiale ajustée

Surface effectivement monopolisée par la filière après déduction du co-usage spatial. C’est l’emprise nette au sol par TWh/an.

Coefficient temporel

Rapport entre la durée totale d’occupation du territoire (construction + production + rémédiation) et la durée productive réelle. Ce coefficient reflète le temps pendant lequel le territoire est occupé sans produire.

Empreinte spatio-temporelle

Empreinte spatiale ajustée multipliée par le coefficient temporel. Il s’agit de la mesure la plus complète : l’occupation réelle du territoire sur l’ensemble du cycle de vie pour chaque TWh d’électricité produite.

What is the footprint of our electricity sources?

Introduction

Energy is not only a question of carbon, cost, or technology… It’s also about space and time. Each electricity source mobilizes a portion of territory, sometimes visible, sometimes diffuse, over periods that vary greatly between construction, operation, and remediation. These spatiotemporal differences deeply influence the planning, acceptance, and sustainability of our energy choices.

(LinkedIn: https://www.linkedin.com/pulse/what-footprint-our-electricity-sources-benoit-marcoux-qtbwe/)

Overview

The table below (the full version can be found in the appendix) compares land occupation by generation technology, highlighting the differences in the nature and duration of this occupation. These can be permanent or temporary, exclusive or shared, extractive or reversible.

(Where possible, data and assumptions are based on Québec’s geographic and technical context.)

Summary table — land-use footprint by technology (ha/TWh/year)

Article content

Units: hectares per TWh of electricity delivered annually (ha/TWh/year). The figures include transmission rights-of-way, supply chains, and, where applicable, a co-use credit. The full table is presented in the annex. Details of the underlying assumptions are available upon request. One hectare is equivalent to approximately 108,000 sq. ft. or 2.5 acres.

Reservoir hydro has a very large spatiotemporal footprint, but it is very useful because its power is dispatchable, unlike nuclear or run-of-the-river hydro, which operates continuously. Solar and wind remain intermittent, but in Québec the large reservoirs facilitate their integration: the solar electricity produced in the summer makes it possible to keep the water for winter peaks.

These tables show how land occupation differs across electricity sources, and more importantly, how the type and duration of that occupation vary. Large hydroelectric reservoirs and fossil-based systems dominate in both total surface and duration, but their land use is neither as intensive nor as reversible as that of newer technologies.

Methodology

The method to derive these tables follows a progressive approach:

  • Start from the direct footprint—the physical surface occupied by production infrastructure, then three adjustments are applied to obtain the adjusted footprint.
  • Add the supply chain and electricity transmission extensions, which represent the upstream and downstream portions of the energy cycle.
  • Subtract co-use (agricultural, recreational, ecological) to account for shared land.
  • Adjust for duration of occupation to obtain a net spatiotemporal measure, expressed in hectares per TWh of energy delivered per year.

This method allows an apples-to-apples comparison between technologies with vastly different scales—from a local solar array to a continental hydroelectric complex.

Direct footprint

The direct footprint refers to the physical area occupied by a power plant or generation site. It is the starting point for any comparison, since it reflects the portion of land directly dedicated to energy production—the core site and its project-related zone.

In addition to the core, the direct footprint includes the peripheral areas required for operation or safety. It varies widely across technologies:

  • For nuclear power, it includes the exclusion and emergency planning zones, which can extend several kilometres around the site.
  • For coal or gas plants, it includes safety buffers, cooling ponds, and adjacent industrial zones.
  • For hydroelectricity, it encompasses dams and reservoirs, often permanently flooded.
  • For wind, it covers turbine spacing and access roads.
  • For solar, service roads and buffer zones for large solar parks or roof space.

These peripheral areas significantly enlarge the apparent footprint of a project, even if not all land is exclusively occupied. They must, therefore, be considered as an essential component of the direct footprint.

Variation across technologies:

  • Large hydroelectric projects flood thousands of square kilometres, permanently transforming the landscape.
  • Thermal and nuclear plants have compact sites concentrated around buildings and security areas.
  • Wind and solar farms spread over large surfaces, but their physical occupation is low—a small fraction of the ground is built upon.

Three adjustments to the direct footprint

Three key factors refine the direct footprint:

1. Supply chain and transmission — spatial extensions

The real footprint of a technology goes far beyond its generation site. Upstream, it includes material extraction and processing zones; downstream, the transmission networks delivering power to load centres.

This effect is especially significant for Québec’s reservoir-based hydro: 315–735 kV transmission lines can extend hundreds of km, even over 1,500 km, linking northern generating stations to southern demand centres. By contrast, other technologies—solar, wind, thermal—can often be located closer to load centres, even co-located with them.

For fossil and nuclear power, supply chains (mines, pipelines, processing plants) often dominate total footprint, whereas for distributed renewables this contribution is marginal.

2. Co-use — a spatial credit

Co-use applies, to varying degrees, across all technologies.

  • For onshore wind and vertical bifacial solar, over 80% of the land remains available for agriculture, forestry, or conservation.
  • For run-of-river hydro, riverbanks and water bodies can be used for navigation, fishing, or recreation.
  • Thermal and nuclear plants, though more contained, may be surrounded by conservation zones or environmental monitoring areas.
  • Even hydro reservoirs, though permanent, offer recreational co-use.
  • In contrast, rooftop solar, while excellent for co-use, remains a real but limited potential, mainly due to the available surface area, geometry and orientation of the roofs. Even if fully mobilized, it can only cover a relatively modest part of the provincial demand.

Co-use, therefore, acts as a spatial credit that reduces the effective footprint of a sector by promoting the integration of other functions in the same territory. It thus becomes an indicator of territorial compatibility between energy and other socio-economic functions.

3. Temporal dimension — prolonged occupation

Finally, the duration of occupation—from construction through remediation—directly affects the true intensity of land use.

Long-cycle technologies (hydro, nuclear, fossil) tie up land for decades or permanently, while renewables like solar and wind have shorter, reversible cycles.

  • Construction of a dam or thermal plant can take many years, even a decade, while a solar or wind farm can be built in less than two.
  • At the end of life, fossil and nuclear sites require decades of decommissioning and monitoring, whereas wind or solar facilities can be dismantled or repowered within months.
  • These three adjustments—supply chain, co-use, and temporality—broaden the concept of land footprint from a raw surface area to a net spatiotemporal occupation.

Hydroelectricity and social acceptability

Hydroelectricity, the cornerstone of Québec’s energy system, stands out for its stability and historical landscape integration, but its reservoirs represent a permanent transformation of land—a legacy that cannot be undone. This model has long enjoyed social acceptance in southern Québec, where hydro is seen as a symbol of modernity and energy sovereignty. However, this is not the case for many northern Indigenous Nations, for whom these projects caused deep territorial and cultural losses and continue to raise issues of recognition, governance, and benefit-sharing.

Vertical co-use: the Beauharnois case

The Beauharnois generating station’s intake canal illustrates how existing infrastructure can serve multiple purposes. This artificial canal, about 25 km long and nearly one kilometre wide (?2,500 ha of water surface), is also part of the St. Lawrence Seaway, serving commercial navigation and water-level regulation. This dual role makes it a striking example of hydraulic and logistical co-use. The same canal could host floating solar panels (floating PV) without impeding hydraulic function or navigation. At a realistic density of 0.5 MW/ha, it could accommodate about 1.2 GW of panels generating 1.5–1.8 TWh per year—nearly 15% of Beauharnois’s current output (11.7 TWh). Such integration would boost production without any new land footprint—a model of technological co-use on already developed territory.

Challenges and perspectives

Land-use analysis highlights three key insights:

  1. The importance of transmission and supply: the farther a source is from load centres, the more significant the land footprint associated with transmission lines becomes. For fossil-fuelled power plants, supply networks (e.g. gas pipelines) must also be considered, which, like the Beauharnois Canal for the St. Lawrence Seaway, represent a substantial portion of the actual spatial footprint of the energy system.
  2. The value of co-use: what matters is not total surface but the project’s ability to share space with other functions.
  3. Reversibility and remediation: newer technologies—wind, solar, storage—stand out for their capacity to release or repurpose land after decommissioning.

Conversely, fossil and nuclear systems leave lasting marks:

  • Coal mines and ash ponds require decades of environmental monitoring.
  • Gas wells and pipelines must be sealed and monitored long-term to prevent methane leaks.
  • Nuclear plants require decades of decommissioning, and waste storage sites remain restricted for generations.

This temporal difference in land occupation — the time during which territory remains effectively committed even after a power plant stops producing — is just as significant as the surface area itself.

Taken together, these elements suggest that, in the long term, the real advantage of wind and solar technologies lies not only in their low emissions, but also in their qualitative spatiotemporal footprint: co-usable, reversible, and limited in duration.

Conclusion

The land footprint of electricity systems is more than a measure of hectares. It tells the story of our collective relationship with territory: what we choose to transform, share, or preserve to produce the energy we rely on.

In Québec, this spatiotemporal perspective reminds us of three simple truths:

  • Our hydroelectric heritage shaped both landscapes and mindsets, but it alone cannot meet future demand.
  • New renewable sources—solar, wind, and storage—do not threaten the land; they invite it to become multifunctional: economic, agricultural, energy, and ecological at once.
  • Proximity, reversibility, and temporality should count as much as installed capacity in planning criteria.

Reducing carbon emissions will not be enough; we must also reduce the duration and intensity of our land footprint. Technologies capable of coexisting, adapting, and disappearing without a trace are those that will build a truly sustainable energy future.

Annex — Detailed Land-Use Table by Generation Technology (ha/TWh/year)

Article content

Units: hectares per TWh of electricity delivered annually (ha/TWh/year). The figures include transmission rights-of-way, supply chains, and, where applicable, a co-use credit.

Column Definitions

Core (direct footprint)

The land area strictly occupied by physical production infrastructure: the plant, panels, turbines, platforms, access roads, and substations.

Project-related area

The peripheral land required for safety, access, operational spacing, or technical constraints—for example, nuclear exclusion zones, solar buffer areas, or turbine spacing in wind farms.

Transmission ? southern Québec

The land footprint associated with transmission corridors needed to bring electricity from production sites (often in the North) to load centres in southern Québec: 735-kV and 315-kV corridors, rights-of-way, and substations.

Supply chain

Indirect land use linked to the extraction, processing, transportation, and logistics of materials or fuels: mines, pipelines, processing plants, terminals, quarries—depending on the technology.

Footprint before co-use

The sum of the core footprint, project-related area, transmission, and supply chain — before accounting for areas that can be shared with other land uses.

Spatial co-use (credit)

The portion of the project-related area that can be simultaneously used for other functions (agriculture, forestry, navigation, recreation). A higher co-use credit reduces the effective land footprint.

Adjusted spatial footprint

The net land area effectively monopolized by the energy source after subtracting the co-use credit. Expressed per TWh/year.

Temporal coefficient

The ratio of total land occupation time (construction + production + remediation) to productive time. It reflects how long land remains occupied even when no electricity is being produced.

Spatiotemporal footprint

The adjusted spatial footprint multiplied by the temporal coefficient.

It is the most complete measure, capturing the total land occupation over the full life cycle for each TWh of electricity produced.