En 1866, le navire à vapeur Great Eastern posa avec succès le premier câble télégraphique transatlantique, transformant à jamais les communications mondiales. Les messages, qui prenaient autrefois dix jours à traverser l’Atlantique par bateau, pouvaient désormais être transmis en quelques minutes. Les impacts géopolitiques, commerciaux et culturels furent immédiats et profonds — non parce que le câble était bon marché, mais parce qu’il était transformationnel.
Je me souviens d’avoir lu à propos du Great Eastern quand j’étais jeune. Son échelle audacieuse et son génie technique m’ont profondément marqué. (L’image accompagnant cet article provient d’un de mes livres d’enfance.) Il fut un outil emblématique de son époque — un géant reliant les continents — et a suscité chez moi un intérêt durable pour le pouvoir des grands systèmes à façonner le monde.
Aujourd’hui, une révolution semblable pourrait se profiler sous les mers. Proposé par trois financiers de l’énergie — Laurent Segalen , Simon Ludlam et Gerard Reid —, le projet North Atlantic Transmission One – Link (NATO-L) vise à relier les sources d’hydroélectricité et d’énergies renouvelables du Canada au réseau renouvelable européen. Il s’agirait de lignes à courant continu haute tension (HVDC) de grande capacité entre l’Amérique du Nord et l’Europe.
Mais je ne pense pas que cela se résume au transport d’électrons. Comme le premier câble télégraphique transatlantique, NATO-L pourrait redessiner les relations géopolitiques, catalyser l’intégration économique et ouvrir une nouvelle ère de coopération énergétique propre — si l’on conçoit des structures de marché adéquates permettant aux producteurs des deux continents d’en tirer profit.
Avant d’aller plus loin, je précise que je n’ai aucun intérêt financier, professionnel ou personnel dans le projet NATO-L. Je n’ai pas non plus été rémunéré ou sollicité par ses promoteurs pour rédiger cet article. Mon analyse repose uniquement sur des informations publiques et sur mon interprétation indépendante de leurs implications.
Un projet d’envergure stratégique
Le câble NATO-L relierait deux systèmes énergétiques complémentaires :
- Le nord-est de l’Amérique du Nord, riche en hydroélectricité pilotable, ainsi qu’en capacité croissante d’éolien terrestre et en mer.
- Le nord de l’Europe, doté d’une production éolienne maritime massive et confronté à des défis croissants d’intermittence et de contingentement.
Selon les informations publiques disponibles, NATO-L serait composé de câbles sous-marins HVDC d’une capacité totale de 6 GW utilisant la technologie >525 kV, sur des trajets variant entre 3?750 et 4?500 km. Je prévois que le projet sera mis en œuvre par étapes, chaque phase ajoutant quelques gigawatts de capacité sur plusieurs années. Cette approche graduelle permettrait un apprentissage progressif et une gestion des risques, en permettant aux parties prenantes d’évaluer la performance et la valeur du projet avant de s’engager dans une réalisation complète.
On évalue actuellement plusieurs itinéraires potentiels, notamment un passage par le nord (peut-être par le Groenland) et un passage par le sud (via la France. Le tracé le plus court, au nord, me paraît le plus prometteur. Il établirait un lien entre la production hydroélectrique du nord du Québec et du Labrador et les sources renouvelables de la mer du Nord et des pays voisins.
Le projet tirerait parti de ressources éoliennes et solaires non corrélées entre les continents et d’un décalage horaire de six heures pour optimiser l’usage des renouvelables et l’équilibrage quotidien des réseaux. La mise en service opérationnelle est prévue pour 2040, après un calendrier de développement et d’autorisations en plusieurs phases.
Il ne s’agit pas d’électricité bon marché — mais d’électricité au bon moment
Bien que l’hydroélectricité patrimoniale de l’est du Canada soit peu coûteuse, les ajouts de capacité — qu’il s’agisse d’hydroélectricité, d’éolien ou de solaire — deviennent de plus en plus onéreux. Parallèlement, les prix de l’éolien et du solaire en Europe continuent de baisser. Cela signifie que la valeur de NATO-L ne repose pas sur des écarts de prix permanents, mais sur la synchronisation temporelle.
Grâce au décalage horaire de 5 à 6 heures entre l’est de l’Amérique du Nord et l’Europe, NATO-L permet un arbitrage quotidien :
- Acheminer de l’électricité vers l’est pendant les périodes de forte demande en Europe (le matin et le soir), qui correspondent aux périodes de faible demande au Canada (le milieu de la nuit et le milieu de la journée).
- Acheminer de l’électricité vers l’ouest pendant les pointes de demande au Canada, qui coïncident avec les périodes creuses en Europe.
Ce mécanisme permet à une même capacité installée de servir quatre pointes de demande par jour, augmentant considérablement sa valeur systémique.
L’hydroélectricité comme batterie distante pour l’Europe
Contrairement à l’éolien et au solaire, l’hydroélectricité avec réservoirs est pilotable. L’eau stockée dans les réservoirs peut être turbinée précisément au moment requis, bien que des contraintes, comme les débits minimums ou les centrales en cascade, puissent en limiter partiellement la flexibilité. Cela permet à l’hydroélectricité nord-américaine de servir de batterie à distance zéro carbone pour l’Europe :
- Réduction du contingentement : réduction de la production hydroélectrique lorsque le vent est abondant en Europe.
- Appels de puissance rapides : augmentation de la production hydroélectrique quand l’Europe fait face à des pénuries.
- Services d’équilibrage : soutien à la régulation de fréquence et à la stabilité du réseau, pendant et hors des pointes.
Cela permet aux réservoirs canadiens de conserver l’eau lorsque l’Europe dispose d’une surproduction éolienne ou solaire, pour ensuite produire lorsque la génération européenne est insuffisante. Cette flexibilité est particulièrement précieuse, puisque les jours de forte demande en électricité ne sont généralement pas corrélés entre l’Europe et l’est du Canada. Ce manque de corrélation renforce le potentiel d’arbitrage et d’équilibrage d’une interconnexion transatlantique. Alors que l’Europe élimine progressivement le charbon et le gaz, cette capacité devient de plus en plus critique, en particulier avec la présence d’un parc nucléaire français important et peu flexible.
Expérience européenne en matière d’interconnexions sous-marines HVDC
L’Europe possède une vaste expérience avec les interconnexions sous-marines à courant continu haute tension (HVDC), notamment :
- Viking Link (Royaume-Uni–Danemark) : 765 km, 1,4 GW, opérationnel depuis 2023.
- North Sea Link (Royaume-Uni–Norvège): 720 km, 1,4 GW, opérationnel depuis 2021.
- NordLink (Allemagne–Norvège) : 623 km, 1,4 GW, opérationnel depuis 2021.
- IFA2 (Royaume-Uni–France) : 204 km, 1 GW, opérationnel depuis 2021.
- COBRAcable (Pays-Bas–Danemark) : 325 km, 700 MW, opérationnel depuis 2019.
Ces interconnexions se sont révélées très efficaces pour lisser la production intermittente, faire baisser les prix de gros et améliorer la fiabilité en période de pointe ou de stress du système. Bien que certains de ces projets aient été controversés à leur lancement — en raison de préoccupations liées aux coûts, à l’impact environnemental ou aux effets sur le marché — leur succès a démontré la faisabilité technique et réglementaire des liaisons HVDC longue distance entre États souverains. Ce précédent est particulièrement pertinent pour NATO-L.
Cadre financier : coûts et potentiel de valeur
Les interconnexions sous-marines sont déjà largement utilisées et apportent une valeur mesurable aux réseaux régionaux. Par exemple, durant l’hiver 2024–2025 en Grande-Bretagne, le gestionnaire de réseau National Grid a rapporté que sa flotte d’interconnexions a permis des ajustements dynamiques des mouvements d’énergie atteignant jusqu’à 5,2 GW en réponse au stress du système, notamment en annulant des avis de capacité d’urgence. Le Viking Link, initialement en service à demi-capacité en raison de travaux de maintenance sur le réseau danois, a été rapidement porté à pleine capacité pour répondre à la pointe de consommation du soir au Royaume-Uni — une démonstration claire de la valeur d’une coordination transfrontalière en temps réel. NATO-L étendrait ces bénéfices éprouvés à l’échelle transatlantique, permettant un équilibrage des charges entre réseaux asynchrones et optimisant l’utilisation de ressources renouvelables non corrélées.
Tableau récapitulatif financier (estimation personnelle, non fournie par NATO-L) :
Les estimations des coûts en capital pour NATO-L s’appuient sur des comparaisons avec d’autres projets de câbles sous-marins HVDC longue distance. Par exemple, le projet Viking Link (Royaume-Uni–Danemark, 1?400 MW sur 765 km) a coûté environ 2 milliards €, tandis que le projet Xlinks Maroc–Royaume-Uni (3,6 GW, 4?000 km) est estimé à 20 milliards £. NATO-L, avec 6 GW et 3 750–4 500 km, devrait coûter entre 20 et 28 milliards €, incluant la fabrication des câbles, leur installation, les stations de conversion, les permis et les imprévus. Cette estimation s’aligne sur les profils de coûts d’autres projets sous-marins multigigawatts utilisant la technologie HVDC >525 kV.
Les coûts d’exploitation pour un projet de cette envergure incluent l’entretien des câbles et des stations, le personnel, l’assurance, la conformité réglementaire et l’exploitation du système. Ces coûts devraient varier entre 200 et 500 millions € par an, selon le taux d’utilisation et la complexité réelle du déploiement. Le poste le plus important est probablement le coût énergétique lié aux pertes de transmission, suivi par l’inspection sous-marine régulière et la maintenance, ainsi que par les frais liés au fonctionnement fiable des stations de conversion et des systèmes de commande à travers l’océan.
Les pertes de transmission sont un facteur important dans les coûts d’exploitation. Les câbles HVDC sous-marins perdent typiquement environ 3 % d’énergie par tranche de 1?000 km. Sur un tracé nord projeté de 3?750 km, cela représente une perte totale d’environ 11 à 12 %. Les pertes seraient moindres lorsque les câbles ne fonctionnent pas à pleine capacité. En supposant un taux d’utilisation de 60 % (4 pointes de 3 à 4 heures chacune), une ligne de 6 GW livrerait environ 31,5 TWh/an. Avec une perte de 12 %, environ 4 TWh/an sont perdus. Au prix de 80 €/MWh, cela représente un coût annuel d’environ 320 millions €, ce qui se situe dans la fourchette supérieure des estimations de dépenses d’exploitation. Cela souligne l’importance d’optimiser l’utilisation et le rendement de transmission pour assurer la viabilité financière.
La valeur annuelle de marché disponible de 2 à 4,5 milliards € représente le bassin de valeur créé par l’arbitrage énergétique, les services de capacité et les fonctions auxiliaires de réseau. Ce montant ne constitue pas nécessairement un revenu pour NATO-L en soi, puisqu’il sera partagé entre tous les acteurs du marché — producteurs d’électricité, exploitants de stockage, fournisseurs de services d’équilibrage, et potentiellement l’exploitant de l’interconnexion. Le revenu annuel de NATO-L dépendra de son cadre réglementaire, de sa structure de propriété et du modèle de rémunération (péage ou marchand) retenu.
1. Arbitrage énergétique :
Avec une ligne de 6 GW utilisée 50 à 75 % du temps, les volumes annuels échangés seraient de 26 à 39 TWh.
Des écarts de prix de 50 à 100 €/MWh entre les pics nord-américains et européens donnent un bassin de valeur de 1,3 à 3,0 milliards €/an.
2. Paiements de capacité :
Les prix de capacité dans les marchés européens, comme le Royaume-Uni varient entre 30?000 et 75?000 €/MW/an.
Pour 6 GW, cela représente 180 à 450 millions €/an.
3. Services auxiliaires et atténuation du contingentement :
En évitant le contingentement et en assurant un équilibrage, NATO-L pourrait fournir des services évalués à 100 à 300 millions €/an.
Valeur totale justifiée : de 1,6 à plus de 4,5 milliards €/an.
Cette structure ne dépend pas d’un avantage de prix moyen permanent, mais de la création de valeur pilotée par le marché, fondée sur la flexibilité, le timing et les services d’intégration.
Les promoteurs de NATO-L s’appuieront vraisemblablement sur des approches analytiques dépassant l’analyse traditionnelle de la valeur actuelle nette (VAN) pour évaluer la viabilité du projet — comme c’est souvent le cas pour les infrastructures transformationnelles. Face à l’incertitude, aux horizons temporels longs et aux impacts systémiques potentiels, des méthodes comme l’analyse en options réelles, la planification par scénarios et les évaluations de valeur stratégique sont souvent plus adaptées. Cette perspective reflète la manière dont d’autres grands projets d’interconnexion ont été évalués et correspond à la nature fondamentalement stratégique de NATO-L.
Le projet NATO-L en est clairement encore à ses débuts, concentré sur la construction d’un consensus, l’attraction de membres fondateurs et l’engagement avec les parties prenantes dans les secteurs politique, réglementaire, technique, industriel et financier. Étant donné l’ampleur du projet et son importance stratégique, il est possible que de grandes entreprises européennes de services publics ou des opérateurs de transport d’électricité s’y joignent au fur et à mesure de son avancement.
Pose de câbles moderne : du Great Eastern à la Monna Lisa
La résilience des câbles électriques sous-marins est souvent sous-estimée. Bien que les pannes puissent être perturbatrices, la réparation d’un câble à courant continu haute tension (HVDC) est généralement plus rapide et moins dangereuse que celle d’un gazoduc sous-marin. Il n’y a ni confinement de gaz sous pression ni risque d’explosion — seulement un travail électrique exigeant, mais bien compris. Cela fait des interconnexions HVDC un investissement à long terme plus sûr et plus résilient.
Une comparaison historique est instructive. La première tentative du Great Eastern de poser un câble télégraphique transatlantique en 1865 se solda par un échec lorsque le câble se rompit au milieu de l’océan. Le navire retourna sur place en 1866 après avoir réussi à poser le premier câble transatlantique lors de sa seconde tentative. L’équipage localisa et récupéra le câble perdu, le reconnecta, et compléta avec succès la deuxième liaison à travers l’Atlantique — un exploit extraordinaire de persévérance et de compétence technique, il y a plus de 150 ans. Lorsque j’ai lu ce récit enfant, cette réparation m’avait profondément impressionné.
Au XIXe siècle, le Great Eastern était le seul navire capable de transporter et de poser un câble transatlantique. Aujourd’hui, cet héritage pionnier se poursuit avec une nouvelle génération de navires câbliers. Un exemple marquant est la Monna Lisa, le tout dernier navire poseur de câbles du groupe Prysmian.
Avec un déplacement en charge d’environ 35?000 tonnes, la Monna Lisa mesure 185 mètres de long et 34 mètres de large. Elle est équipée de deux carrousels de câbles de grande capacité (7?000 et 10?000 tonnes), de systèmes avancés de positionnement dynamique DP3 et d’une forte capacité de traction pour les opérations en haute mer. Ce sont des navires comme la Monna Lisa qui rendent un projet transatlantique comme NATO-L techniquement et opérationnellement réalisable.
Le défi des marchés : concilier des structures réglementaires différentes
Un enjeu central est que l’Europe et l’Amérique du Nord fonctionnent selon des structures de marché très différentes :
- L’Europe dispose de marchés de gros et de capacité libéralisés et concurrentiels.
- L’est du Canada et certaines régions du nord-est des États-Unis opèrent dans des cadres monopolistiques ou des systèmes hybrides réglementés.
Pour que NATO-L fonctionne efficacement, il faudra créer des mécanismes permettant d’échanger de l’électricité entre ces systèmes. Les options possibles incluent :
- La création d’une entité marchande d’exportation opérant selon les règles européennes.
- Des contrats d’achat d’électricité (PPA) bilatéraux à long terme avec des opérateurs de système européens.
- De nouveaux cadres intergouvernementaux s’appuyant sur l’Accord économique et commercial global (AECG/CETA).
Les défenseurs de cette initiative devront déterminer une structure financière qui permet à toutes les parties concernées, y compris les acheteurs et les vendeurs, de réaliser des profits en fonction de leurs niveaux respectifs de tolérance au risque.
Au-delà de l’économie : dimensions stratégiques et géopolitiques
Le projet NATO-L revêt également une importance stratégique à un moment où les alliances transatlantiques sont mises à rude épreuve. Alors que les États-Unis adoptent des politiques de plus en plus protectionnistes et entretiennent une rhétorique annexionniste, le Canada a tout intérêt à diversifier ses partenariats énergétiques et à renforcer ses liens avec l’Europe.
Un corridor énergétique transatlantique permettrait de :
- Positionner le Canada comme un fournisseur fiable d’électricité propre et stable ;
- Renforcer la transition de l’Europe hors des combustibles fossiles et sa réduction de dépendance envers des régimes autocratiques ;
- Accroître la résilience collective de l’OTAN grâce à des infrastructures non militaires ;
- Réduire les risques climatiques en connectant des régions aux régimes météorologiques complémentaires et aux profils de production renouvelable diversifiés.
Cette dimension stratégique pourrait également permettre d’obtenir un soutien institutionnel ou financier de l’Union européenne. Le projet NATO-L semble en effet aligné avec les objectifs de REPowerEU, le plan phare de l’UE visant à réduire les importations de combustibles fossiles, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et renforcer les infrastructures transfrontalières. En facilitant l’intégration transatlantique et l’utilisation flexible de l’hydroélectricité pilotable, NATO-L contribue directement à ces objectifs. Dans le cadre de REPowerEU, les projets qui favorisent la décarbonation, la diversification énergétique et la résilience des réseaux peuvent bénéficier d’un appui de l’UE, que ce soit sous forme de coordination ou de financement.
Selon mes estimations, ce projet pourrait permettre de remplacer environ 1 milliard d’euros d’importations annuelles de gaz naturel et de réduire les émissions de quelque 20 millions de tonnes de CO? par an — principalement en assurant un appoint flexible d’électricité propre pendant les pointes de demande en Europe et en réduisant le contingentement des énergies renouvelables.
Conclusion : une seconde révolution transatlantique
NATO-L a le potentiel de jouer un rôle similaire à l’ère de l’énergie propre.
En misant sur les fuseaux horaires, l’hydroélectricité pilotable et les technologies HVDC de pointe, le projet pourrait permettre une profonde décarbonation, renforcer la stabilité transatlantique et générer des retombées économiques tangibles. Mais cela ne sera possible que si les structures de marché évoluent pour saisir cette opportunité.
Tout comme le télégraphe a permis à la finance, à la diplomatie et à l’industrie mondiales de prospérer, NATO-L peut devenir l’épine dorsale d’une économie carboneutre plus intégrée et plus résiliente.