Monthly Archives: May 2025

Comprendre Hydro-Québec, c’est comprendre le Québec

S’il y a un livre que je recommande souvent pour mieux saisir les relations entre l’État québécois et son plus important outil économique, c’est bien Hydro Québec et l’État québécois, 1944-2005 de l’historien Stéphane Savard .

Ce n’est pas un livre d’entreprise ni un pamphlet politique : c’est une œuvre rigoureuse et nuancée qui replace les grandes décisions énergétiques dans leur contexte social, économique et institutionnel. On y suit la montée d’Hydro-Québec comme symbole du Québec moderne, mais aussi les tensions — parfois productives, parfois paralysantes — entre la société d’État et le gouvernement qui la possède.

Savard met en lumière :

  • le rôle de la nationalisation dans la Révolution tranquille ;
  • les choix d’investissement dans les grands barrages du Nord ;
  • l’évolution du modèle de gouvernance et de régulation jusqu’en 2005.

Un livre essentiel, mais aujourd’hui incomplet.

L’ouvrage s’arrête en 2005, et ne couvre donc pas les changements majeurs survenus depuis, comme :

  • le virage commercial sous la présidence d’Éric Martel (2015-2020), et son objectif, depuis oublié, de doubler les revenus de l’entreprise ;
  • la réduction du rôle de la Régie de l’énergie dans la régulation du secteur ;
  • les tensions entre le gouvernement et la présidente Sophie Brochu ;
  • le repositionnement stratégique d’Hydro-Québec sous Michael Sabia, dans un contexte de transition énergétique accélérée.

Mais malgré cette limite temporelle, Hydro-Québec et l’État québécois reste une référence incontournable pour toute personne intéressée par l’histoire énergétique du Québec — ou simplement par la façon dont une société façonne ses outils collectifs.

À lire… et à compléter avec une réflexion sur les vingt dernières années.

#HydroQuébec #Histoire #Énergie #PolitiquesPubliques #Québec #TransitionÉnergétique

Du téléphone à cadran au téléphone intelligent — Une leçon pour la transition énergétique

Les téléphones à cadran étaient robustes, duraient des décennies, ne nécessitaient aucune recharge et offraient une excellente qualité sonore. Ils coûtaient peu et brisaient rarement. Les téléphones intelligents d’aujourd’hui, eux, sont coûteux, fragiles, remplacés tous les quelques années, doivent être rechargés quotidiennement… et offrent une moins bonne qualité d’appel.

Alors pourquoi avons-nous changé?

Parce que les téléphones intelligents offrent beaucoup plus.

Ils ne servent pas qu’à téléphoner?: ils nous connectent au travail, aux cartes, aux médias, aux réseaux sociaux, aux banques, à la photo, au divertissement. Bref, la valeur qu’ils offrent dépasse largement la fonction d’origine.

Voilà une idée maîtresse pour la transition énergétique.

Oui, l’ancien système était fiable et peu coûteux. Les combustibles fossiles sont denses, faciles à stocker et les infrastructures sont bien établies. À l’instar du téléphone à cadran, il s’agit d’un système hérité du passé, conçu pour répondre aux besoins d’une époque révolue.

L’électricité propre?—?panneaux solaires, thermopompes, véhicules électriques, batteries?— peut sembler coûteuse, fragile ou moins intuitive. Mais elle ouvre la voie à davantage de valeur : un air plus pur, l’indépendance énergétique, des systèmes intelligents, une résilience décentralisée, une stabilité à long terme et de nouvelles industries.

La transition énergétique, comme la révolution des télécommunications, n’est pas un simple remplacement. C’est une amélioration. Et tout comme nous n’avons pas adopté le téléphone intelligent parce qu’il était moins cher ou plus simple, nous n’adopterons pas l’énergie propre uniquement parce qu’elle coûte moins cher par kWh. Nous le ferons parce qu’elle est meilleure — à bien des égards.

From Rotary Phones to Smartphones — And What It Teaches Us About the Energy Transition

(LinkedIn: https://www.linkedin.com/pulse/from-rotary-phones-smartphones-what-teaches-us-energy-benoit-marcoux-yaqme/)

Rotary phones were robust, lasted decades, needed no charging, and offered excellent sound quality. They cost little and rarely failed. By contrast, today’s smartphones are expensive, fragile, replaced every few years, and need daily recharging—yet deliver poorer sound quality during calls.

So why did the world switch?

Because smartphones do more.

They don’t just make calls—they connect us to work, maps, media, social networks, banking, photography, and entertainment. In short, the value they deliver goes far beyond the original function of telephony.

This is a key insight for the energy transition.

Yes, the old system was reliable and cheap. Fossil fuels are dense, dispatchable, and the infrastructure is mature. But like rotary phones, it’s a legacy system optimized for a past reality.

Clean electricity—solar panels, heat pumps, EVs, batteries—may seem costly, fragile, or less “plug-and-play” to some. But it opens the door to more value: cleaner air, energy independence, digital controls, decentralized resilience, long-term cost stability, and new services and industries.

The energy transition, like the telecom revolution, is not just a replacement. It’s an upgrade. And just as we didn’t adopt smartphones because they were cheaper or simpler, we won’t transition to clean energy just because it’s cheaper per kWh. We’ll do it because it’s better—in more ways that matter.